Le 29 novembre 2017
L’évocation saisissante d’un événement méconnu de la Seconde Guerre mondiale.
- Réalisateur : Jorge Amat
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Saint-André des Arts
- Durée : 1h24min
- Date de sortie : 29 novembre 2017
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Résumé : Qu’est-ce que le « train fantôme » ? L’un des derniers convois de déportés, qui mit près de deux mois, depuis son premier départ de Toulouse, à transporter sa cargaison de prisonniers vers Dachau. Cela, en juillet et août 1944, alors que la France se libérait, que l’aviation alliée bombardait les gares et les voies ferrées, que les maquis faisaient sauter les ponts, sabotaient les rails. Ce nom de « train fantôme » lui fut donné très tôt, parce qu’il ne cessait d’apparaître, de disparaître, de s’évanouir dans la nuit, de se recomposer, de réapparaître, avec son chargement de damnés, un peu comme le vaisseau fantôme des légendes. Un train où furent entassés, dans des wagons à bestiaux, autour de 750 déportés, dont une soixantaine de femmes, presque tous résistants, et de toutes les nationalités d’Europe, livrés par la police française aux Allemands. Aucun convoi de déportation n’a mis aussi longtemps à atteindre sa destination. Aucun, non plus, n’a compté autant d’évasions (autour de 200). 536 déportés de ce convoi ont été immatriculés à leur arrivée à Dachau – dont près de la moitié n’a pas survécu à l’enfer des camps.
Notre avis : L’écrivain Guy Scarpetta, dont le grand-père a fait partie des déportés du train fantôme, est le fil conducteur de cette incroyable histoire, que l’imagination fertile d’un romancier n’aurait pas même pu imaginer. Comment cette machine infernale, de bruit et de vapeur, est-elle parvenue jusqu’à la sinistre destination de Dachau, en dépit des avanies qu’elle a subies ? Ce qui surprend, ce ne sont pas certains faits, que des circonstances rendent inéluctables, puisque nous sommes à l’été 1944 : la présence des avions alliés qui bombardent les voies ferrées atteste d’une défaite imminente des Allemands, les sabotages de plus en plus réguliers des voies sont le signe que la force a depuis longtemps changé de camp. Non, le documentaire construit plutôt un récit dont la puissance allégorique révèle l’acharnement ignoble des nazis à poursuivre leur programme de mort : maintes fois arrêté, sans cesse détourné du trajet prévu, l’engin semble incarner la bête immonde de Brecht, blessée, traquée, dans le ventre duquel croupissent des centaines de résistants, de toutes les nationalités. De ce ventre percé, certains s’échappent, au fil du parcours, profitant d’un arrêt ou d’une réparation, au péril de leur vie. Parmi eux, quelques-uns livrent des témoignages précis, sur les conditions effroyables du transport, la sauvagerie des nazis, mais aussi la solidarité de certains habitants, courageux, qui parviennent à aider les prisonniers, en livrant de la nourriture et de l’eau, en contrebande. Finalement, la gueule du monstre vomira des centaines de prisonniers dans le camp polonais de Dachau. Beaucoup n’en réchapperont pas.
Au-delà du symbole, le documentaire parvient, très concrètement, à conjuguer la narration d’un destin collectif et l’évocation d’engagements individuels, à travers des mouvements de résistance, aux idéologies politiques parfois dissemblables. Des noms émergent, pour que leur mémoire ne soit pas oubliée. Et en regardant ce très beau film, on pense, comme Aragon, à ces hommes qui adoraient la belle, quoique leurs croyances fussent opposées.
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