Les oubliées de Juarez

Une série B qui défend haut et fort les droits des femmes

L’argument : Eva (Maya Zapata), une Mexicaine de seize ans laissée pour morte dans le désert après avoir été violée, trouve les forces nécessaires pour se traîner jusque chez elle. A Juarez, les ouvrières des maquiladoras vivent dans la terreur : nombre d’entre elles disparaissent pour revenir les deux pieds devant. Autant dire qu’Eva fait naître l’espoir puisqu’elle peut confondre ses agresseurs. Lauren (Jennifer Lopez), une journaliste américaine, enquête...

Notre avis : Il faut le voir pour le croire. Ecœurée par les magouilles qui sévissent à Juarez, Lauren (Jennifer Lopez), - une journaliste américaine envoyée au Mexique pour couvrir une sordide affaire de viols -, balance sa couleur real blond aux chiottes. Oui, sa couleur. Comme ça, en l’air. C’est dire si la chica a la rage : elle a tout de même joué les têtes de gondole pour l’Oréal.
Devant cette scène, on peut se bidonner comme une baleine et trouver le film un poil lourd. Il faut dire que Gregory Nava n’y va pas de main morte : des cadavres de filles en pagaille (avec une scène digne de La nuit des morts-vivants version Mexico express), un intermède musical (ouai, un concert privé avec l’idole des jeunes, le Pascal Obispo local. Un peu plus et on se croirait sur une radio libre !) et la coupe de cheveux d’Antonio Banderas qui vaut à elle seule une poilade d’enfer. Rien qui vaille un Oscar.
Mais c’est efficace et... véridique. "Regarder ce film les yeux grand ouverts car tout ce que vous allez voir est arrivé", déclarait au dernier Festival de Berlin Marisela Ortiz Rivera, qui a fondé une association de victimes, en réaction aux événements. Tout de suite, on a moins envie de se marrer. Depuis 1993, les maquiladoras de Juarez sont le terrain de chasse favori des violeurs : on compte 400 meurtres de femmes, violées et étranglées et Amnesty International a mis son grain de sel dès 2002 pour faire le jour sur cette affaire.
De quoi excuser les grosses ficelles de Nava et les répliques hilarantes qui émaillent le script (le scénariste a-t-il voulu faire le malin ou est-il juste incapable ?). Reste Jennifer Lopez. Pas extra dans le film (du boulot propre et bien fait) mais l’actrice-méga star a l’étoffe d’Ava Gardner. Encore un regard de braise et une réplique qui sonne plus vrai que nature : "J’aurais pu être une de ces filles", lâche la belle entre deux sanglots étouffés.
Derrière le shampoing colorant et sa vraie nature de cheveux, il y a une actrice prête à défendre les droits des femmes contre vents et marées. C’est cette autofiction, envers d’une série B pour samedi soir, qui trouble plus que tout. Nava n’est pas Mankiewicz, mais ça viendra Miss Lopez.