Les Orphelins de Huang Shi

Une reconstitution sans relief de l’acte de bravoure exceptionnel d’un jeune anglais dans la Chine de la Seconde Guerre Mondiale.

L’argument : Les Orphelins de Huang Shi nous entraîne dans la Chine des années 30 alors envahie par les Japonais en pleine Seconde Guerre Mondiale, et raconte l’incroyable aventure d’un jeune journaliste anglais, George Hogg. Aidé d’une infirmière américaine et du chef d’un groupe de partisans chinois, il sauvera 60 orphelins chinois.

Notre avis : Chine, années 30. Les envahisseurs Japonais massacrent à tout va et des poches de résistance chinoises se sont formées pour faire front. Le journaliste impétueux et idéaliste George Hogg, qui veut rapporter les atrocités de cette guerre au monde, va faire les frais de ce conflit avant d’être extirpé des griffes des Japonais par un résistant chinois. De quoi fortifier ses liens avec une nation dont il va tenter par la suite de sauver quelques pupilles d’un enrôlement forcé par les nationalistes et des attaques japonaises.
Cette existence, racontée dans le livre Ocean Devil : The Life and Legend of George Hogg de James MacManus, également auteur du scénario, manque indéniablement de panache à l’écran. La tentative d’adaptation est louable, mais sans fluidité, elle revête des allures de diaporama et peine à émouvoir. Le périple caritatif à travers la Chine apparaît comme une succession de tableaux qui utilisent la magnificence et la diversité des paysages locaux pour impressionner. Mais désincarné, l’exercice romanesque est d’autant plus frustrant qu’il nous éloigne du réalisme historique engagé par les figures non fictives du récit. Même le joli casting n’arrive pas à susciter une empathie immédiate alors que les personnages campés frisent la caricature : de l’infirmière (Radha Mitchell), trouvant un exutoire dans l’opium, à la riche commerçante chinoise (Michelle Yeoh) prête à livrer son corps pour épargner Hogg, qu’elle aime secrètement, tous semblent artificiels. Seul Chow Yun-Fat tire quelque peu son épingle du jeu en résistant chinois désabusé.
La seule prouesse des Orphelins de Huang Shi, engagé dans une sorte de dynamique pétrifiée, est de mettre en lumière la bravoure d’un héros de l’ombre, un homme méconnu de beaucoup, dont seuls ceux qu’il a sauvés se souviennent encore, comme le rappelle le témoignage final de quelques-uns des orphelins qui rendent un dernier hommage à un être exceptionnel emporté dans la fleur de l’âge. C’est dans ces ultimes séquences qu’est condensée toute l’émotion d’une fiction qui se regarde sans sursaut véritable, en dehors de celui généré par la vue du massacre de milliers d’innocents. Raconter une extraordinaire tranche de vie ne suffit pas à sublimer une œuvre, Les Orphelins de Huang Shi en fait le dur apprentissage.