Le 1er juillet 2017
Une découverte non pas capitale, mais joyeuse et gentiment grivoise qui tutoie l’insolence avec vigueur.


- Réalisateurs : Armando Crispino - Luciano Lucignani
- Acteurs : Gina Lollobrigida, Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Adolfo Celi
- Genre : Comédie, Historique
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 2h08mn
- Titre original : Le piacevoli notti

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– Année de production : 1966
– Sortie DVD : le 27 juin 2017
Résumé : Dans le premier épisode un noble devient l’amant d’une femme emprisonnée ; dans le second, un faux pape encourage les rêves érotiques d’une jeune fille et dans le dernier, lors d’une blague entre amis, une fausse Lucrèce Borgia est découverte en une ambiguë position amoureuse avec un peintre au service d’un faux duc d’Este.
Notre avis : Ce curieux film en trois parties est adapté de nouvelles écrites par Giovanni Francesco Straparola dans les années 1550 et surfait sur la vague de la farce médiévale alors à son comble. Presque inconnu en France, réalisé par deux inconnus, il souffre de la comparaison avec les deux Brancaleone par exemple et même Stéphane Roux, dans les bonus, est plus que circonspect. Disons-le, il y a des raisons à cette défiance : effectivement, peu de gags, un rythme inégal et les compositions plutôt attendues des stars plombent le spectacle.
Pourtant, sans crier au génie incompris, on peut apprécier certains aspects de ces Nuits facétieuses, traces d’un Moyen-Age paillard, plein de santé et insolent. Car dans la grande tradition des farces, on se moque de l’autorité : un faux pape, une fausse Borgia, des nobles ridiculisés et, presque à la fin, un gigantesque bras d’honneur salutaire. Les deux premières histoires s’amusent aussi des couples dans lesquels la femme est jeune et le mari vieux – et comment ne pas penser à Molière qui reprendra ce schéma ? L’occasion pour les scénaristes de pointer habilement la frustration féminine. Mais pour ce film qui s’ouvre sur la fête de mai, la vie est surtout une plaisanterie dans laquelle même les morts peuvent se relever : c’est une sorte de pied de nez qui se conclut dans un éclat de rire, une blague irrespectueuse.
La reconstitution, bien qu’assez proprette, est soignée et en particulier dans les éclairages et le choix des couleurs ; mais ce qui fascine peut-être le plus, c’est le jeu perpétuel des masques : entre stratagèmes et travestissements, les personnages passent leur temps à jouer, parfois pour conquérir une belle, parfois pour le simple plaisir. La vie est un théâtre, sans conteste, un théâtre grivois dans lequel rien n’a d’importance peut-être parce que rien n’a de sens – pensons qu’ici même la religion est détournée. Dans ce cadre, Les nuits facétieuses apparaissent comme une œuvre intéressante, inventive et joyeuse qui, malgré des défauts patents, a largement de quoi séduire.
Les suppléments :
C’est une tradition dans la collection, les bonus se divisent en deux : la longue suite de bande-annonces et l’entretien avec Stéphane Roux ; mais cette fois notre érudit émet des réserves sur le film avant d’évoquer les carrières de Steno, Gina Lollobrigida et des réalisateurs (14mn30).
L’image :
La restauration est soignée qui propose une image stable aux couleurs chatoyantes, et débarrassée de tout parasite. Bien sûr, le film a cinquante ans et s’en ressent, notamment dans la définition. Mais le confort visuel est garanti.
Le son :
La seule piste proposée (stéréo 2.0 VOST) est exempte de scories et plutôt dynamique, même si, là encore, le temps a fait son œuvre.