Le 27 février 2019
Rien de bien neuf dans cette série, mais ceux qui ont aimé les précédents films retrouveront avec plaisir les personnages dans cette enquête efficace sur un scandale bien réel.
- Réalisateur : Christoffer Boe
- Acteurs : Nicolaj Lie Kaas, Fares Fares, Johanne Louise Schmidt
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Danois
- Distributeur : Wild Side Films
- Durée : 1h58mn
- Date télé : 14 décembre 2019 21:00
- Chaîne : Canal +
- Titre original : Journal 64
- Date de sortie : 7 mars 2019
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– En e-Cinema le 7 Mars 2019
– Année de production : 2018
– Sortie DVD : le 8 mai 2019
Résumé : Alors que le Département V est sous tension avant le départ annoncé d’Assad, partenaire de l’inspecteur Carl Mørck, ces derniers se lancent dans une nouvelle enquête qui pourrait bien être leur dernière. Suite à la découverte de trois squelettes cachés derrière la tapisserie d’un vieil appartement, les deux enquêteurs et leur assistante Rose doivent exhumer une macabre affaire datant des années 1950 : sur la petite île de Sprogø, des femmes étaient internées et stérilisées de force sous la direction du docteur Curt Wad...
Notre avis : Si l’on compte bien, voici la quatrième aventure du « Département V », les trois premières ayant été ici-même diversement appréciées ; un nouveau metteur en scène, une enquête menant vers un passé trouble, cela suffit-il à donner du sang neuf à une franchise qui, si elle a eu un énorme succès au Danemark, peine à convaincre les amateurs français ? D’après les propos de l’auteur des romans d’origine, déçu par les adaptations, ce sera la dernière : Jussi Adler-Olsen n’a octroyé les droits que de quatre livres sur sept. Sauf changement à venir …
- Copyright Henrik Ohsten - Zentropa Productions
Dossier 64 s’appuie sur un épouvantable fait historique : 11 000 Danoises ont été stérilisées de force entre les années 30 et les années 60, sur des bases eugénistes plus ou moins camouflées. Sur ce scandale, le film bâtit une intrigue complexe et tortueuse mêlant plusieurs directions : l’avortement de Nour, une jeune connaissance d’Assad (l’un des protagonistes de la série), l’internement d’une autre jeune fille en 1961 et la découverte de trois corps momifiés dans une salle murée. Évidemment, ces trois pistes finissent par converger, leurs points communs révélant peu à peu un mouvement, l’ « Hiver froid », dont on ne dira rien afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte – et même si, avouons-le, certaines conclusions sont quelque peu prévisibles. Dans ce cadre, il est naturel que le montage alterné soit l’ossature d’une œuvre-puzzle, ossature à laquelle les romans et les films policiers nous ont habitués depuis longtemps.
- Copyright Henrik Ohsten - Zentropa Productions
Rien de bien neuf, alors ? Dans la facture, pas grand-chose, et pourtant le choix d’une image lumineuse, souvent diurne , fonctionne plutôt bien comme la métaphore d’un état social-démocrate aux apparences humanistes mais qui recèle des soubassements inavouables ; la clinique aseptisée pourrait en être le symbole parfait. Pour le reste, la mise en scène très classique ne s’aventure guère loin des sentiers battus, mais on peut apprécier la lisibilité des plans et un refus quasi généralisé du tape-à-l’œil. Oublions donc cette réalisation conventionnelle : car, malgré ce sentiment tenace de déjà-vu, Dossier 64 accroche son spectateur et ne le lâche plus, si l’on omet une conclusion redoutable de niaiserie. Sans doute parce que le sujet est fort et qu’il recoupe des préoccupations contemporaines (le complot, le racisme, l’eugénisme) poussant à s’interroger sur l’état de nos sociétés. Sans doute aussi parce que le rythme du métrage est particulièrement efficace, déroulant ses péripéties avec un art consommé des respirations / accélérations / révélations qui s’enchaînent assez rapidement pour qu’aucun temps mort ne s’installe.
- Copyright Henrik Ohsten - Zentropa Productions
Et comme les personnages typés sont plutôt attachants (Carl le bourru, Assad le tendre et Rose la complice efficace), leurs interactions tiennent du plaisir confortable (voire coupable) : leurs chamailleries forment un cadre non dénué de charme, surtout quand s’y mêle de l’humour (il y en a peu, mais il est plutôt réussi) et quelques rosseries ; ainsi de Carl, qui décrit la bêtise de l’un de ses collègues par cette formule lapidaire : « ce mec met des lettres dans les sudokus ».
Pour devenir un grand film, Dossier 64 aurait dû être plus ambitieux, original et sombre. Il aurait même pu se dispenser de clichés gênants. Mais ce n’est pas ce qu’il vise : polar de dénonciation, il aspire à ce que son spectateur soit pris dans une intrigue bien ficelée et qu’il en profite pour réfléchir (un peu). Ce n’est donc pas ici qu’il faut s’attendre à un renouvellement du genre ou même à sa contestation. Au moins y passe-t-on un moment agréable où l’on pourra frémir et s’indigner en toute bonne conscience. La morale, simple et laconique, proférée par Carl, mérite d’être citée : « Dieu est mort, l’État est démissionnaire, mais l’amour triomphe ».
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