Les enfants de la mer - la critique du film

Notre avis : Ce n’est pas le premier film que réalise le cinéaste japonais Ayumu Watanabe. Pourtant, Les enfants de la mer est son premier long métrage à sortir sur les écrans français. Le distributeur Eurozoom a acquis le don de découvrir des talents aussi remarquables que singuliers. Pour preuve, cette œuvre empreinte d’écologie, de fantastique et de psychédélisme.
Brouillée avec sa mère alcoolique et son équipe de handball, la jeune Ruka trouve refuge dans l’aquarium où travaille son père. C’est là qu’elle rencontre Umi, qui lui présente son frère Sora. Tous deux ont été recueillis par Jim, un océanographe qui tente de percer le mystère de leur naissance, alors qu’Umi et Sora semblent avoir été mis au monde dans l’océan et élevés par des dugongs (mammifère marin proche du lamantin).
Petit à petit, le fil rouge et les enjeux du récit se dessinent : si depuis longtemps l’Homme tente de percer les mystères biologiques de la Vie et de la Nature, Ayumu Watanabe encourage ses semblables à leur laisser leurs secrets.

© 2019 Daisuke Igarashi, Shogakukan/"Children of the Sea" Committee

Le dessin est précis, les décors fourmillent de détails. Mais c’est surtout l’esthétique de l’eau, des fonds marins, d’un bleu profond, qui envoûte le regard. Les couleurs soutenues, contrastées, toujours harmonieuses, par moment explosives, sont d’une éblouissante beauté ! Souvent, des plans de coupe chimériques, insérés au beau milieu de séquences narratives en montage parallèle, viennent marquer des pauses d’à peine plus d’une seconde dans l’intrigue, comme pour entretenir la confusion quant aux réflexions des protagonistes sur les origines du Monde et de la Vie sur Terre.
Certes, l’humilité des êtres humains à l’égard de la Nature et l’écologie sont des thèmes communs à nombre de films d’animation japonais – l’on pense évidemment à Hayao Miyazaki – mais Watanabe y ajoute une forte dose de métaphysique pour le moins déstabilisante. Une démarche totalement assumée par le réalisateur, tenue d’un bout à l’autre de l’œuvre.

© 2019 Daisuke Igarashi, Shogakukan/"Children of the Sea" Committee

C’est de cela que Les enfants de la mer tire toute sa puissance théorique. Celle-ci apparaît cependant très complexe et pas toujours intelligible, tant le récit aborde des sujets différents : nécessité de l’équilibre entre la Nature et les Hommes, théories cosmologiques relatives aux origines du Monde et de la Vie, dichotomie du bien et du mal…
S’il s’avère quelque peu indigeste sur le plan réflexif, le film se laisse regarder et apprécier, dès lors qu’on ne tente plus d’en saisir toutes les subtilités discursives. L’histoire et les grands enjeux qu’elle traite restent, dans l’ensemble, compréhensibles, et la mise en scène est à couper le souffle. Alors si les essais des grands penseurs étudiés avant le bac philo vous donnent la nausée, fermez les écoutilles et laissez-vous porter.