Le 18 septembre 2022
Un casting impeccable pour un polar envoûtant. Marc Fitoussi réussit haut la main son entrée dans le monde du thriller.
- Réalisateur : Marc Fitoussi
- Acteurs : Karin Viard, Évelyne Buyle, Pascale Arbillot, Benjamin Biolay, Lætitia Dosch, Lucas Englander
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 18 septembre 2022 21:15
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 23 septembre 2020
- Festival : Festival d’Angoulême 2020
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Résumé : Vienne, ses palais impériaux, son Danube bleu…Et sa très privilégiée communauté d’expatriés français. Couple emblématique, Ève (Karin Viard) et Henri (Benjamin Biolay) ont tout pour être heureux. Lui est un prestigieux chef d’orchestre, elle travaille à l’Institut Français. Une vie apparemment sans fausse note jusqu’au jour où Ève voit son univers protégé se fissurer et ses certitudes s’effondrer. Prête à tout pour ne pas perdre la face et maintenir les apparences, elle va se révéler totalement diabolique.
Critique : Après s’être essayé à la comédie, le réalisateur de Pauline détective (2012), La ritournelle (2014) et Maman a tort (2016) s’inspire très librement de Trahie, roman de Karin Alvtegen, pour échafauder une intrigue policière pleine de rebondissements, doublée d’une subtile étude de mœurs.
Grâce à son mariage avec Henri Monliber (Benjamin Biolay), un chef d’orchestre à la renommée internationale, Evelyne (Karin Viard) (qui se fait appeler Eve, tellement plus chic), issue des classes populaires, s’est hissée aux plus hauts sommets de la bourgeoisie. Pour préserver son statut, elle est prête à toutes les turpitudes, y compris à rejeter la tendresse de sa brave mère, définitivement reléguée dans la catégorie des « beaufs ».
- Copyright SND
Fort d’une capacité à s’immiscer au plus profond des méandres de l’âme humaine, qui n’est pas sans rappeler celle de Chabrol, Marc Fitoussi scrute avec un malin plaisir ce milieu de notables fermé où règnent en maîtres bassesse et mépris. Entre réceptions mondaines, agapes et spectacles hauts de gamme, auxquels la ville de Vienne prête son faste, les langues de vipère, essentiellement féminines, s’en donnent à cœur joie dès qu’il s’agit de vilipender ses semblables, l’essentiel étant de sauver les apparences quoi qu’il arrive. Aussi, quand elle découvre l’infidélité de son mari avec l’institutrice de leur fils, une jeune femme libre et spontanée (Laetitia Dosch), l’exacte réplique inverse de ce qu’elle est, elle met en place tout un arsenal de stratagèmes sadiques, mais drôles, pour, d’une part, conserver l’amour de ce mari qu’elle aime sincèrement, et aussi et surtout pour éviter le scandale au sein de cette petite communauté de privilégiés, à laquelle elle est si fière d’appartenir.
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Entre ironie et expectative, le scénario mélange les genres pour nous conduire sans à-coups vers une conclusion impromptue. Ce qui se présente d’abord comme une comédie sociale bon chic bon genre prend imperceptiblement une teinte légèrement plus sombre, pour laisser finalement planer une menace suffisamment prononcée pour tenir en éveil l’attention du spectateur, déjà émoustillé par l’habile décryptage de la double personnalité de tous ces individus mi-anges-mi démons. Une nouvelle fois, Karin Viard épouse à la perfection les traits de cette créature maléfique, que sa détresse pathétique nous empêche toutefois de détester totalement. Le couple qu’elle forme avec Benjamin Biolay, que son indolence assumée et son regard lucide sur leur condition rendent finalement sympathique, ne manque pas de panache.
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Les rôles secondaires complètent astucieusement cette observation de l’ambivalence humaine. Pascale Arbillot nous régale de son personnage de Clémence, une harpie méprisante plus vraie que nature, tandis que Jonas (Lucas Englander, une vraie belle découverte), dont l’aspect juvénile cache quelques travers peu recommandables, sème le trouble. Mais la palme de l’audace revient sans aucun doute à Madame Belin qui, grâce à Evelyne Buyle cachée sous son minois de souris de bibliothèque, tire largement son épingle du jeu et s’octroie sans tapage une importance inattendue.
Si Les Apparences peut se positionner comme un divertissement à la teneur consistante, force est de reconnaître qu’une dose supplémentaire de mordant n’aurait pas nui à l’affaire. Pourtant, de l’aveu même du réalisateur, notre époque d’incessante aseptisation morale lui a interdit de pousser plus avant le curseur de l’ambiguïté de ses personnages. De son côté, Karin Viard affirme que sa désobéissance citoyenne la pousse à faire des rôles moralement répréhensibles, parce que l’art, ça sert à ça. Il ne reste donc plus qu’à espérer que le cinéma français ose, pour de longues années encore, nous accorder des œuvres de cette intensité, même légèrement édulcorées.
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