Les amoureux du Luxembourg : rediffusion du documentaire

Notre avis : Un adjoint au chef jardinier explique la composition des parterres de fleurs, un jardinier raconte comment il quadrille l’espace de travail sur lequel il plante, une ingénieure narre l’histoire du lieu illustre, un architecte plasticien admire les arbres du Jardin ("ils nous protègent du ciel"), évoque une "reconquête du naturel"... "Les amoureux du Luxembourg" entretiennent l’endroit tous les jours, le font vivre, l’animent, à proximité du Sénat.
Une concessionnaire des balançoires avoue son plaisir de "perpétuer une tradition de mère en fille", en divertissant les enfants, à qui elle vend des boissons et des sucreries et dont les parents et les grands-parents jouaient déjà là, il y a plusieurs décennies. La deuxième partie du film laisse la parole aux artistes (peintres, danseurs, musiciens), avant de s’achever d’une manière plus solennelle par un discours et une interview du président du Sénat, Gérard Larcher, qui n’a rien d’intéressant à dire.
Il est dommage que le documentaire démente quelque peu son titre, en n’accordant pas une préséance aux habitué(e)s des lieux, moins répérables, sans statut professionnel identifié, pour habiller le Jardin d’une autre manière, puisque cette zone délimitée au sein d’un territoire urbain est fondamentalement un endroit à part. Récemment, Damien Manivel, à travers son magnifique long métrage Le Parc et, dans une moindre mesure, Guillaume Brac, avec L’île au trésor, ont su extraire la dimension intrinsèquement hétérotopique de ces géographies si particulières, à la fois au creux et hors du monde, à l’intersection du réel et de l’invisible.