Le 24 septembre 2021
Un téléfilm classique, mais efficace, qui joue sur une atmosphère de paranoïa plutôt convaincante. Dommage que l’ensemble manque de rythme.


- Réalisateur : Asli Özge
- Acteurs : Julia Jentsch, Hanns Zischler, Sebastian Hülk, Natalia Belitski, Sascha A. Gersak
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français, Allemand, Néerlandais
- Distributeur : Arte
- Durée : 1h46min
- Date télé : 24 septembre 2021 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Auf einmal
- Date de sortie : 6 octobre 2016

L'a vu
Veut le voir
Résumé : À l’issue d’une soirée organisée dans son appartement en l’absence de sa compagne, le jeune banquier Karsten se retrouve seule avec une femme prénommée Anna. Quand celle-ci fait un grave malaise, il se précipite à la clinique voisine mais y trouve porte close. A son retour, il découvre Anna gisant au sol, sans vie. A la police, Karsten avoue qu’il ne connaissait pas du tout cette jeune femme, arrivée à la soirée en compagnie d’une amie de la compagne d’un de ses collègues. Bientôt, il devient quelque peu suspect aux yeux de ses proches et de la police.
Critique : Eros et Thanatos. Suivant l’étreinte amoureuse entre un homme et une femme, l’image d’un corps sans vie : il s’agit d’Anna, que le banquier Karsten a prise entre ses bras, après lui avoir souhaité son anniversaire. Dans des décors nocturnes où foisonnent les lignes de fuite, lestant l’environnement d’une dimension angoissante, le personnage affolé cherche du secours. Puis, la police arrive. Le voilà dans de beaux draps, lui qui est le dernier à avoir vu la victime vivante. A travers l’ellipse initiale, s’engloutissent les interrogations du spectateur : que s’est-il passé entre le baiser et le moment où le personnage court éperdument, à la recherche de secours ? Au fur et à mesure, toutes les pièces du puzzle se mettent en place, dans une ambiance qui privilégie les lieux cafardeux où s’allongent volontiers les ombres, où frémit le vent, où cohabitent des couleurs peu nettes. Le mystère est renforcé par les échanges globalement laconiques des personnages.
Le rythme de l’histoire s’accorde au malaise recherché, l’opacité du héros donne à l’hésitation une dimension concrète : Karsten est-il véritablement troublé par ce qu’il a engendré ou sent-il que l’erreur judiciaire pointe le bout de son nez ? En tout cas, son mal-être est suffisamment important pour l’empêcher de faire l’amour. Et lui-même va mener son enquête sur la défunte. Qui était-elle, exactement ?
Ce téléfilm joue de manière classique, mais efficace, sur les ambiguïtés identitaires et la paranoïa des protagonistes. Dommage que le tempo soit aussi ralenti et que la mise en scène manque quelque peu d’audace, malgré une photographie intéressante. Dans le rôle-titre, un homme cerné par les soupçons de son entourage et de la police, Sébastian Hülk s’avère convaincant.