Un vent de folie
Le 12 août 2008
Après Les démons à ma porte, Jiang Wen nous revient avec un film lumineux et déroutant oscillant entre l’onirisme et le vaudeville.


- Réalisateur : Jiang Wen
- Acteurs : Jiang Wen, Zhou Yun, Jaycee Chan, Anthony Wong Chau-Sang
- Genre : Drame
- Nationalité : Chinois
- Date de sortie : 13 août 2008
– Durée : 1h55mn
– Titre original : Taiyang zhaochang shengqi
Après Les démons à ma porte, Jiang Wen nous revient avec un film lumineux et déroutant, oscillant entre l’onirisme et le vaudeville.
L’argument : Succession de contes surréalistes en quatre tableaux qui mêlent deux destins : celui du fils d’une femme étrange et d’un universitaire déchu. La folie y croise les rêves, l’amour les armes. Une invitation au voyage à travers le temps et la Chine, une symphonie de couleurs, de textures et de sons.
Notre avis : Depuis In the heat of the sun en 1993, Jiang Wen a pris l’habitude de nous délivrer ses films au compte-goutte au rythme d’un tous les sept ans. Au noir & blanc intense des Démons à ma porte, Grand Prix du Festival de Cannes en 2000, succède ici une explosion de couleurs associée à une photographie d’une luminosité bouleversante, parfois douloureuse.
Se parant des couleurs d’Arlequin, le film nous entraîne ainsi tour à tour dans le tourbillon d’un conte onirique, centré sur la douce folie d’une mère, au cours d’une première partie sublime tant sur le plan esthétique que sur celui de la mise en scène, haletante et lyrique ; de la farce bouffonne teintée d’une mélancolie sourde, dans une deuxième partie qui nous ramène brusquement à la réalité pas moins bancale d’un pervers terrorisant un campus universitaire ; de la fable humaniste (l’expérience de la rééducation à la campagne) qui vire au drame, avant de retrouver des accents de rêve pour dépeindre le miracle (qui n’est pas qu’une image ici) de la naissance.
Par le biais d’une narration complètement éclatée mais qui ne perd jamais son objectif de vue, le film reconstitue ainsi le fil de plusieurs destins croisés dans une Chine où plane l’ombre du Grand Bond en avant de 1958, alors que la coopération sino-soviétique bat son plein, et les derniers jours de la Révolution culturelle en 1976. Passant cette période tragique de l’Histoire à la moulinette de l’expérience individuelle - celle de Tang, du jeune militaire lubrique à l’universitaire envoyé en rééducation à la campagne - il se place résolument sous le signe de la jouissance, à la fois érotique et issue de l’expérience directe de la nature.
Traversé par la conscience à la fois tragique et joyeuse de l’existence humaine soutenue par un lyrisme omniprésent, Le soleil se lève aussi apporte ainsi une nouvelle pierre à l’édifice humaniste et absurde édifié par Jiang Wen en l’espace de trois films.
Norman06 29 avril 2009
Le soleil se lève aussi
Ces quatre histoires sont un peu desservies par une fantaisie laborieuse et un surréalisme plutôt lourd. Mais par instants, on retrouve l’imagination visuelle et débridée des Démons à ma porte.