Le 17 septembre 2016
Un western de série B qui vaut par un scénario des plus étranges, foisonnant et inabouti.
- Acteurs : Valerie French, Guy Madison, Lorne Greene, Barry Atwater, Robert Burton
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h20mn
- Titre original : The hard man
- Date de sortie : 23 février 1962
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– Sortie DVD : le 21 septembre 2016
– Année de production : 1957
Résumé : Steve Burden est un ancien shérif qui s’est retiré, estimant avoir tué trop d’hommes. Le Shérif vieillissant d’El Solito voudrait pourtant que Steve lui succède. Steve accepte le travail en sachant que le dernier hors-la-loi qu’il a tué a été élevé à El Solito…
Notre avis : Patrick Brion dit à peu près dans les suppléments que les films de George Sherman valent ce que valent leurs scénarios : de fait, sa mise en scène est assez transparente et se contente trop souvent d’une fonction illustrative. Mais la chance de ce Shérif d’El Solito (étrange traduction de The hard man …) est de reposer sur une intrigue peu banale et, à certains égards, passionnante, en ce qu’elle déjoue les attentes du spectateur. C’est sa force, bien sûr, mais c’est aussi sa faiblesse tant on a l’impression que le scénario court plusieurs lièvres à la fois, au risque évident de se disperser.
Le héros, Steve Burden, auquel Guy Madison prête son visage et son jeu transparents, commence par tuer une connaissance, Ray, recherchée par la police. Puis on apprend, et c’est un reproche fait par un shérif, qu’il a un peu trop tendance à ramener ses proies mortes. C’est l’un des premiers enjeux narratifs, sous-exploités, que cet abandon d’une violence gratuite, qui devrait lui valoir des cas de conscience à peu près inexistants. Le shérif d’El Solito l’engage – il veut un tueur, parce que, croit-on comprendre, il est lâche ; là encore on verra une évolution, plutôt brutale, qui lui fera accepter sa propre violence – en quelque sorte le chemin inverse de Steve.
Mais si celui-ci est engagé, c’est que la ville est sous la coupe d’un riche propriétaire, Rice Martin, dont on apprend qu’il a piégé Ray – qui est donc innocent, et donc Steve est coupable, ce qui ne semble déranger personne.
Enfin, quand apparaît le personnage féminin, longtemps et habilement annoncé par les dialogues, c’est la manipulation et, disons-le, l’attrait sexuel, qui deviennent le thème majeur. Là le scénario devient singulièrement plus trouble et vénéneux ; il faudra attendre la toute fin pour savoir exactement qui est cette Fern irrésistible, femme fatale et menteuse patentée. Entre-temps, cet enjeu narratif vaut de belles séquences, entre dialogues tranchants (Fern a les plus belles répliques), et passages violents. C’est aussi le passage le mieux construit, avec les différentes tentatives de tuer son mari.
Mais on reste confondu devant le nombre de pistes abandonnées (par exemple, le thème de la paternité : Steve est le fils d’un hors-la-loi et adopte le petit Larry à la fin) ou sacrifiées (la paranoïa qui saisit le héros quand il ignore qui est le tueur qui doit l’abattre). D’autant que le film est très court (1h 16 minutes), ce qui l’empêche de développer des sujets aussi riches, à peine esquissés.
On sent néanmoins le métier de Leo Katcher (auteur entre autres du M de Losey et de Traquenard de Ray) dans de nombreux petits détails qui vont d’échos (Fern tire deux fois sur son mari, Steve rend deux fois son étoile …) à des effets de réel étonnants (la manière dont le héros « teste » son arme avant un duel, par exemple), en passant par des idées saugrenues reprises par différents personnages, comme le lien entre la transpiration et la mort.
Bref, on se retrouve devant un objet filmique étrange, ni raté ni réussi, plutôt en grande partie avorté, mais toujours stimulant. Certes, on aurait aimé un cinéaste plus vigoureux, des acteurs plus charismatiques, mais au moins est-on constamment intrigué, stimulé par cette série B au scénario foisonnant.
Les suppléments :
Outre une pauvre galerie (six affiches et photos en tout et pour tout), on a droit à l’habituelle présentation de Patrick Brion, qui, en dix minutes, met en valeur les qualités du film et surtout celles du scénario. Quelques indications supplémentaires sur le cinéaste, les westerns de l’année 1957 et les acteurs sont passionnantes bien qu’un peu succinctes.
L’image :
Il y a bien eu restauration, et l’image est souvent nette ; mais quelques parasites et des couleurs à l’éclat diminué gâchent un peu la copie.
Le son :
La VO 2.0 est de belle facture : dialogues et bruitages très présents, limpidité de la musique ; même si on sent que l’enregistrement est ancien et donc limité, cette piste lui rend hommage. En revanche les dialogues dans la VF sont plus étouffés et, une fois de plus, le doublage a vieilli.
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