Que sais-je ?
Le 26 novembre 2015
Le réalisateur du Roi Lion troque ses griffes contre une robe poussiéreuse de philosophe. Tout à la beauté de ses propres inspirations, Le prophète se perd dans des considérations nobles mais curieusement défraîchies.


- Réalisateur : Roger Allers
- Acteurs : Salma Hayek, Liam Neeson , Frank Langella
- Genre : Animation
- Nationalité : Américain, Canadien, Libanais, Qatarien
- Durée : 01h30mn
- Titre original : The prophet
- Date de sortie : 2 décembre 2015

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Le réalisateur du Roi Lion troque ses griffes contre une robe poussiéreuse de philosophe. Tout à la beauté de ses propres inspirations, Le prophète se perd dans des considérations nobles mais curieusement défraîchies.
L’argument : Sur l’île fictionnelle d’Orphalese, Almitra, une petite fille de huit ans, rencontre Mustafa, prisonnier politique assigné à résidence. Contre toute attente, cette rencontre se transforme en amitié. Ce même jour, les autorités apprennent à Mustafa sa libération. Des gardes sont chargés de l’escorter immédiatement au bateau qui le ramènera vers son pays natal. Sur son chemin, Mustafa partage ses poèmes et sa vision de la vie avec les habitants d’Orphalese. Almitra, qui le suit discrètement, se représente ces paroles dans des séquences oniriques visuellement éblouissantes. Mais lorsqu’elle réalise que les intentions des gardes sont beaucoup moins nobles qu’annoncées, elle fait tout son possible pour aider son ami. Arrivera-t-elle à le sauver ?
Notre avis : Adaptation libre du recueil de poèmes de Khalil Gibran, best-seller traduit en 40 langues et vendu à plus de 100 millions d’exemplaires, Le prophète s’étouffe avec sa propre ambition. Le long-métrage articule neuf historiettes autour de l’histoire de Mustafa, poète emprisonné pour ses idées libertaires et ses écrits jugés dangereux par le gouvernement. Qualifié de « Fantasia philosophique » par le réalisateur Roger Allers, le film entasse grossièrement les paraboles les unes sur les autres sans accorder au spectateur le loisir d’en comprendre le sens. Du classique des studios Disney, l’oeuvre n’a que la richesse visuelle. Il y manque le lyrisme du délire.
© Wild Bunch
Conçu autour de neufs segments, tous réalisés par de talentueux spécialistes de l’animation, Le prophète introduit une myriade d’univers visuels aussi complexes que variés. Chacune de ces saynètes illustre un propos philosophique. Lors d’un voluptueux tango chorégraphié par Philippe Decouflé, Joann Sfar dirige un couple sur les pas du mariage. Tom Moore conduit ses arabesques inspirées par Klimt à la lisière de l’amour. D’un univers à l’autre, les imaginaires de Marjane Satrapi, Joan Gratz et Nina Paley évoluent côte à côte.
Le prophète puise ses inspirations aux sources spirituelles de l’Orient et de l’Occident. Joignant d’un seul geste les aquarelles impressionnistes, les crayons de couleurs, la peinture à gros traits, les délires kaléidoscopiques, le long-métrage entrelace tant de styles que le regard vient à s’y perdre. Les allégories spirituelles disparaissent, noyées par la musique doucereuse de Gabriel Yared.
© Wild Bunch
Le prophète est davantage destiné aux adultes avertis qu’à un public enfantin, prompt à succomber à l’ennui. Si l’on a plaisir à reconnaître le travail de grands noms de l’animation internationale, on peine à comprendre la roideur de l’histoire sur laquelle chacune de ces surprises éphémères reposent. L’odyssée fantastique de Roger Allers éblouit avec ses parures de mille couleurs, mais la surprise est brève et la mystification exposée.