Le 27 janvier 2021
Malgré d’incontestables lourdeurs et quelques facilités, Le procès du siècle, par un solide scénario, parvient à passionner et à distiller des sentiments profonds. Un film nécessaire sur un sujet brûlant, encore brûlant.
- Réalisateur : Mick Jackson
- Acteurs : Tom Wilkinson , Timothy Spall, Rachel Weisz, Andrew Scott, Jack Lowden
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 27 janvier 2021 13:35
- Chaîne : ARTE
- Box-office : 7 445 043 $ (USA) ; 124 411 entrées (France)
- Titre original : Denial
- Date de sortie : 26 avril 2017
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Résumé : Deborah Lipstadt, historienne et auteure reconnue, défend farouchement la mémoire de l’Holocauste. Elle se voit confrontée à un universitaire extrémiste, avocat de thèses controversées sur le régime nazi, David Irving, qui la met au défi de prouver l’existence de la Shoah. Sûr de son fait, Irving assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz. Comment, en restant dans les limites du droit, faire face à un négationniste prêt à toutes les bassesses pour obtenir gain de cause, et l’empêcher de profiter de cette tribune pour propager ses théories nauséabondes ?
Critique : Évacuons ce qui pèse sur le film et gâche notre satisfaction : des dialogues surabondants, une réalisation anonyme qui tente de dynamiser cette histoire assez statique par un sur-découpage artificiel, une musique parfois balourde. Mais dans cette œuvre à thèse, forte par son thème éprouvant, il faut bien avouer que l’essentiel est ailleurs : le combat d’une professeure d’université contre un négationniste porte en lui suffisamment de puissance pour supporter la réduction esthétique imposée par Mick Jackson.
- Copyright SquareOne/Universum
Ainsi donc, le spectateur pourra passer de la révolte à l’émotion en passant par le dégoût, mais sans pathos excessif : c’est l’une des qualités du film de ne pas tirer sur la corde sensible, la visite à Auschwitz restant une exemple de pudeur et de sobriété. Le procès lui-même s’appuie sur une reconstitution soignée, précise dans les détails. Mais ce qui frappe le plus dans cet exercice aux passages obligés, c’est justement ce qui y échappe : les « trucs » d’avocat, l’incompréhension devant leur apparente froideur, la complexité de refuser le sentiment pour se consacrer aux faits. Là, ponctuellement, Le procès du siècle trouve une voie complexe et redoutablement efficace.
- Copyright SquareOne/Universum
On apprendra donc beaucoup de la description de la justice anglaise ou, plus grave, des arguments qu’emploient les négationnistes, exploitant chaque imprécision avec une ténacité qui s’explique mal. En ce sens le film est indispensable, justement aujourd’hui, alors que (re)fleurissent un peu partout des discours nauséabonds. Et les avocats doivent s’appuyer sur des détails d’un infini pointillisme puisque, en l’absence de « preuves », ce sont eux qui font la différence. À n’en pas douter, c’est sur ce point que Le procès du siècle emporte l’adhésion, par le gouffre qui sépare un fait majeur, la Shoah, des interminables arguties qui le contestent.
Alors certes, le film est un peu long, trop morcelé, trop brouillon, mais le sujet ne peut que passionner, surtout que d’impeccables comédiens se coulent sans effets de manche dans leurs personnages. Hélas inspiré d’une histoire vraie, il remet les pendules à l’heure avec une honnêteté, une probité remarquables. Difficile dans ces conditions de rester insensible à ce drame qui ménage vers la fin un suspense insupportable.
- Copyright SquareOne/Universum
Les suppléments :
Les interviews du cinéaste et du scénariste (6mn30), de la vraie Deborah (7mn30) et des deux acteurs masculins principaux (7mn pour chacun) sont plaisants, plutôt bien menés et parfois percutants (voir la charge contre le relativisme et Internet), voire émouvants (la « difficulté à croire » aux génocides. Bien qu’un peu courts, ils valent mieux que le mini making-of promotionnel à la structure de kaléidoscope.
- Copyright SquareOne/Universum
L’image :
Rien d’exceptionnel, rien de déshonorant ; la définition du DVD n’est que satisfaisante, mais les couleurs sont bien restituées, l’esthétique souvent assez froide également.
Le son :
La galette propose quatre pistes, en dehors de l’audiodescription : VO et VF, 2.0 et 5.1. On ne perd rien des dialogues ni de la musique parfois insistante, sans que le son jamais ne bouleverse une installation honnête.
– Sortie DVD et Blu-ray : le 6 septembre 2017
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