Le 1er septembre 2020
Bruno van Leeuwen, commissaire apathique, reprend du service pour une affaire de viol. La mise en scène, trop paresseuse, capitalise sur des effets attendus. Dommage.


- Réalisateur : Hans Steinbichler
- Acteurs : Katharina Lorenz, Peter Haber, Marcel Hensema, Bruno Cathomas, Laura de Boer
- Genre : Drame
- Distributeur : Arte
- Date télé : 1er septembre 2020 13:35
- Chaîne : Arte
- Titre original : Der Tod und das Mädchen

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Résumé : Troisième enquête du commissaire Van Leeuwen, qui reprend un dossier criminel : afin d’exploiter les traces ADN retrouvées sur une enfant de neuf ans, Vicky, qui a été violée. Les résultats permettent d’incriminer Piet Martens, un voisin de la famille. Mais le délai de prescription du crime, qui est dépassé, lui offre la possibilité de repartir libre. Sous le choc, Vicky s’en prend à l’homme...
Critique : Après "Une femme disparaît" diffusé pour la première fois en 2012, puis "Angel of the Dead", proposé un an plus tard, les deux sur sur la chaîne généraliste allemande ZDF, revoici le commissaire Bruno van Leeuwen, confronté à une vieille affaire de viol : l’enjeu n’est pas de savoir qui est le coupable du crime, puisqu’on l’apprend dès le générique, mais de raconter l’histoire d’une petite fille devenue adulte et de son rapport au traumatisme vécu qui refait brusquement surface, lorsque la jeune femme apprend que son bourreau, Piet Martens, a été arrêté.
La construction très classique de ce téléfilm évoque la tragédie selon une concaténation attendue entre des séquences présentes et passées, dès les pleurs de l’héroïne sous la douche, engendrant une analepse sur la scène du viol. D’autres passages, volontiers pathétiques ou dramatiques, usent et abusent des ralentis et on ne peut pas dire que le commissaire van Leeuwen déploie une folle énergie dans ses investigations.
Son rythme est semblable à celui d’une justice qui a beaucoup traîné avant de trouver le coupable, à tel point que la prescription du crime va infléchir le rapport entre les personnages. Pour ne rien arranger, Vicky se retrouve au tribunal, suite à l’agression de Martens avec une bouteille. Et voilà qu’on lui demande de présenter des excuses à son ennemi. Plans de coupe et zooms appuyés émaillent un procès qui s’avère plutôt long et aboutira à la condamnation de la jeune femme : celle-ci prend six mois de prison avec sursis et doit indemniser l’homme qu’elle a frappé, sa peine l’empêchant désormais d’exercer dans la fonction publique.
Cette accumulation de malheurs, ces injustices répétées ne rendent pas pour autant le téléfilm dynamique. Même la disparition subite de Piet Martens ne parvient pas à mobiliser l’attention. Malgré l’interprétation convaincante de Katharina Lorenz dans le rôle de Vicky, la configuration des événements pâtit d’une mise scène chloroformée et d’effets de réalisation pour le moins paresseux.
On conseillera plutôt de voir ou revoir l’excellent film de Roman Polanski, fondé sur une semblable histoire, avec le même titre : La Jeune Fille et la Mort ("Der Tod und das Mädchen").