Le 8 avril 2018
Pas tout à fait le grand film qu’on attendait, mais une œuvre originale et méconnue.
- Réalisateur : William Dieterle
- Acteurs : Joseph Cotten, Lillian Gish, Jennifer Jones, Cecil Kellaway, Ethel Barrymore
- Genre : Drame, Fantastique, Romance
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h22mn
- Titre original : Portrait of Jenny
- Date de sortie : 3 mai 1950
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– Sortie Blu-ray : le 21 mars 2018
– Année de production : 1948
Résumé : New York, 1934. Eben Adams, peintre sans le sou, croise une étrange fillette nommée Jennie Appleton à Central Park. Lui qui avait pour habitude de peindre des paysages ou des natures mortes va esquisser le croquis de cette enfant, éveillant la curiosité des marchands d’art. À chacune de leurs retrouvailles, Jennie vieillit à vue d’œil, jusqu’à se métamorphoser en une belle et jeune demoiselle. À la fois intrigué et fasciné par cette femme semblant venir d’un autre temps, Eben va tenter de percer le mystère de celle qui est devenue sa muse…
Notre avis : Curieux destin que celui de ce film voulu par Selznick, insuccès à sa sortie, réhabilité depuis sans atteindre la renommée de Peter Ibbetson de Hathaway auquel il fait souvent songer par son thème. Un peintre sans gloire rencontre une jeune fille étrange qui grandit quasiment sous ses yeux et lui inspire à la fois un amour profond et un portrait qui lance sa carrière. Mais il apprend que Jenny est morte depuis quelques années, et qu’il est victime d’une « erreur du temps ». L’amour plus fort que la mort, la prédestination, l’inexistence du temps et de l’espace, le tout enrobé par une religiosité naïve, voilà de quoi hésiter entre le ridicule et le sublime.
- © 1949 American Broadcasting Companies, Inc. Tous droits réservés.
Si le film de Dieterle ne sombre pas tout à fait dans le premier, il n’atteint pas non plus le second. Et pourtant, au début, avec cette voix-off débitant une tirade philosophique emphatique, puis avec Jennifer Jones accoutrée en fillette, on craint le pire. Mais le cinéaste, par des trouvailles visuelles comme l’écran tramé ou des effets de brume et de lumière, parvient à retenir suffisamment l’attention pour qu’on se laisse séduire par ce conte initiatique, d’autant qu’il a le bon goût de laisser exister des personnages secondaires bienveillants, tous impeccablement interprétés. Et lorsqu’on reconnaît la douce Lillian Gish en nonne, le lien se fait avec le cinéma muet, comme avec la future Nuit du chasseur, installant cette œuvre dans un réseau onirique puissant qui lui confère une autre densité.
- © 1949 American Broadcasting Companies, Inc. Tous droits réservés.
Dieterle est excellent dans l’ambiguïté et le vaporeux, il sait filmer la ville déserte et enneigée ou accompagner le regard attentif d’Ethel Barrymore, ange gardien dévoué ; il maîtrise la scène de la patinoire, manie l’émotion avec parcimonie. Il est moins à l’aise dans le lyrique et la séquence de la tempête, teintée en vert, manque de souffle : on est plus dans le drame que le tragique. Mais il faut dire aussi, à regret, que Jennifer Jones n’est pas tout à fait l’actrice qui convenait : ses revirements, ses engouements ou tristesses subites peinent à fasciner et à expliquer l’obsession du peintre. Belle, cela va sans dire ; mystérieuse et envoûtante, pas tout à fait. On le déplore d’autant plus que Joseph Cotten, tout en retenue, livre une de ses meilleures performances.
- © 1949 American Broadcasting Companies, Inc. Tous droits réservés.
Bien sûr, Le portrait de Jennie est loin d’être mauvais ; le cinéaste tire ce qu’il peut d’une histoire alambiquée, utilise à merveille un surnaturel quotidien fait de signes discrets (au moins au début). N’empêche, on ne peut se départir d’une déception sourde et, malgré l’arrivée tardive de la couleur à la manière des films d’Albert Lewin, l’impression de rester constamment en-deçà de nos attentes prédomine.
Le blu-ray :
Les suppléments :
Une pauvre bande-annonce abîmée.
L’image :
Quelques imperfections subsistent, mais dans l’ensemble la copie est convaincante, assez contrastée et fine pour que l’on passe sur de très légers désagréments.
Le son :
Le Blu-ray propose deux pistes : la mono d’origine et une version 5.0, sans version française. La différence entre les deux est minime et ne se justifie que par des effets à la fin, voulus par Selznick, mais anecdotiques. Reste que les voix sont limpides, la musique sans saturations.
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