Le Petit Prince - Mark Osborne - critique

Critique : Produit et distribué par une filiale de Paramount Pictures France, Le Petit Prince a été réalisé par Mark Osborne, issu de Dreamworks, et à qui l’on doit le désopilant Kung Fu Panda. Destiné à un marché international, le film a obtenu le concours de vedettes américaines (Jeff Bridges, James Franco...) dans la version originale en langue anglaise présentée hors compétition au Festival de Cannes. L’inévitable Marion Cotillard est également du casting vocal, et rejoint dans la version française André Dussollier, Florence Foresti ou Vincent Lindon. Car un film d’animation de cette envergure se doit aujourd’hui de comporter des pointures du box-office, l’époque des Roger Carel, Perrette Pradier et autres Arlette Thomas étant désormais révolue...

© 2013 On Entertainment, Orange Studio, M6 Films. Tous droits réservés.

L’originalité (mais en même temps la limite) de cette version est d’avoir fait du Petit Prince et de l’aviateur des personnages presque secondaires de l’intrigue, le renard, la rose ou la petite planète étant carrément relégués au statut d’accessoire narratif ou graphique. Car les scénaristes (Irene Brignull, Bob Persichetti) ont opté pour une mise en abyme et fait du récit du Petit Prince une « histoire dans l’histoire ». Le personnage principal est en effet une petite fille. Celle-ci a emménagé dans une nouvelle maison avec sa mère, une maniaque de l’emploi du temps qui a organisé l’agenda de sa progéniture jusqu’à l’âge adulte. Un vieux voisin excentrique et généreux va faire découvrir à la fillette un monde extraordinaire où tout est possible, et dans lequel l’Aviateur a autrefois croisé un mystérieux Petit Prince. La petite fille entre alors dans cet univers et redécouvre son enfance.

© 2013 On Entertainment, Orange Studio, M6 Films. Tous droits réservés.

Ces passages oniriques, en relation directe avec l’œuvre de Saint-Exupéry, constituent l’élément le plus réussi du film, d’autant plus que la qualité technique d’animation est remarquable. On n’est pas loin des fulgurances d’un Miyazaki, la créativité picturale entrant en osmose avec l’allégorie inhérente au roman. Mais c’est aussi là que le bât blesse, ces passages étant ternis par d’inutiles scènes d’action avec effets spéciaux numériques, ainsi que des dialogues sentencieux et une musique mièvre qui empêchent une véritable adhésion. Et quand surgit à nouveau l’univers contemporain du récit, on se retrouve devant un film d’animation certes au-dessus du lot, mais bien en dessous de ce que l’on était en droit d’attendre. Au final, Le Petit Prince est une œuvre estimable qui devrait ravir bien des spectateurs mais dont l’aspect lisse et aseptisé constitue un handicap certain.