Le 6 avril 2022
- Plus d'informations : Site du Musée Saint-Raymond de Toulouse
- Lieu : Musée royal de Mariemont (Belgique), Musée Saint-Raymond de Toulouse, Musée archéologique de Francfort
Disponible sur
Le Musée royal de Mariemont, près de Charleroi en Belgique, présente du 20 novembre 2021 au 17 avril 2022 une exposition sur une curieuse divinité d’origine indo-persane du nom de Mithra, remise à l’ordre du jour des investigations archéologiques par l’historien belge Franz Cumont, à la fin du XIXème siècle. Cette exposition, qui se déplace au Musée Saint-Raymond de Toulouse du 14 mai au 30 octobre 2022, puis au Musée archéologique de Francfort du 19 novembre au 15 avril 2023, retrace l’historiographie des recherches dites mithraïques sur plus d’un siècle. Sous la houlette de ses trois commissaires, Richard Veymiers, directeur du Musée royal de Mariemont, Nicolas Amoroso, conservateur des Antiquités grecques et romaines du Musée royal de Mariemont, et Laurent Bricault, professeur d’Histoire romaine à l’Université de Toulouse, elle donne lieu à un catalogue composé d’une remarquable compilation d’articles scientifiques sur un culte pratiqué à une échelle indo-européenne, au tout début de l’ère chrétienne.
News : Cet objet d’intérêt est le genre d’enquête intellectuelle qui accapare l’esprit ou à côté de laquelle on peut sans doute passer sans bien en comprendre la raison d’être. Cette exposition, dédiée à une ancienne divinité rangée par un christianisme triomphant dans la catégorie des cultes païens, par définition “hérétiques”, intrigue rien que par son existence. Pour celui qui découvre l’existence de Mithra à cette occasion, le voyage auquel il est invité le conduit de la Syrie (Doura) à l’Ecosse (Inveresk) en passant par l’Allemagne (Guglingen) ou le Portugal (Emerita). Cette incroyable expansion s’explique d’abord par les mouvements des légions romaines qui se l’accaparent, mais aussi par une capacité de ce culte à s’adapter en toute discrétion à des environnements sociaux et des paysages religieux très divers. Pour autant, dans son iconographie, Mithra est représenté sous une apparence suffisamment singulière pour être très reconnaissable et ne pas se « fondre » dans chaque décor où on le débusque, de fouilles en fouilles, depuis la Renaissance italienne. Qu’est-ce que ce drôle de culte a à nous apprendre au XXIème siècle, pour justifier une telle curiosité ?
L’exposition se situe à un carrefour d’influences et de références qui la situe dans le champ de l’archéologie, mais aussi quelque part entre surréalisme, bande dessinée et science-fiction. Le voyage se fait donc aussi dans le temps. Ainsi peut-il s’adresser à plusieurs générations de visiteurs. Les sculptures et autres images du Dieu Mithra sont identifiables à la mise en scène d’une tauroctonie ou de ses origines pétrogènes. Son bonnet phrygien, son poignard, son arc, les signes de son pouvoir cosmique et de son lien d’amitié avec le Dieu Sol, constituent des premiers indices pour aider les archéologues et les historiens à reconnaître un Mithréum. Lieu d’offrandes et de banquet, le “speleum” au cœur de tous temples mitraïques est, comme l’étymologie du mot l’indique, un sanctuaire à l’abri des regards indiscrets, réservé à des “initiés” et très généralement dans une grotte.
Les pièces du puzzle rassemblées à l’occasion de cette exposition et de cette recherche collective nous mettent en présence d’un récit mythique partiel en quatre séquences : la naissance de Mithra, la capture d’un taureau, sa mise à mort et la réconciliation de Mithra et du Dieu soleil. Invoquant le cosmos par l’évocation des douze signes du zodiaque, le Dieu Mithra est réputé invincible et source de vie sur terre. Ce récit, mis en image par des procédés très différents les uns des autres, n’est pas sans rappeler la Théogonie d’Hésiode. Mithra - systématiquement reconnaissable par son bonnet phrygien - est représenté naissant de la pierre. Il tient généralement une torche et un glaive de manière à témoigner de sa mission sur terre. On l’imagine œuvrant à la renaissance de la nature, après le chaos, décochant une flèche pour faire jaillir de l’eau d’un rocher. Par là même, Mithra apparaît à ses adorateurs comme un moissonneur et un gardien des fruits. Cette cosmogonie fait de ce dieu une puissance de vie et de renaissance, une divinité solaire. Les secrets et les mystères de Mithra nous sont dévoilés au fur et à mesure et l’on tente de reconstituer le sens de cette croyance, à la lumière de ces pièces éparses. On tente de deviner le rôle du Dieu Sol, des acolytes divins Cautès et Cautopatès qui symbolisent des incarnations cosmiques.
Comparant ces différents temples de Mithra découverts en Europe, les spécialistes et commissaires d’exposition à l’origine de ce projet dressent un état de la connaissance sur la place de ce dieu “exotique”, parfois qualifié d’”oriental” , que l’on peut aujourd’hui analyser en termes de religion naturelle dans le contexte d’émergence de l’occident chrétien.
Exposition du : 20 novembre 2021 au 17 avril 2022
Adresse : 100 chaussée de Mariemont, 7140 Morlanwelz, Belgique
Horaire : Musée ouvert du mardi au dimanche de 10h - 17h (novembre - mars) / 10h - 18h (avril). Dernière entrée 45 minutes avant fermeture. Musée fermé le 25 décembre et 1er janvier.
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Galerie photos
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