Monument aux morts
Le 24 septembre 2003
Singulier musée et personnages fantasmagoriques donnent corps aux obsessions d’Ogawa.
- Auteur : Yôko Ogawa
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
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Un jeune muséographe employé à tout mettre en œuvre pour élaborer un musée singulier aux allures de mausolée, une vieille dame contrariante qui se réfère aux pages d’un almanach pour gouverner son monde, une jeune fille à la joue marquée d’une cicatrice étoilée, un jardinier polyvalent, à la fois créateur de couteaux et amateur de whisky, voilà quelques-uns des personnages fantastiques et fantasmatiques que nous offre Yôko Ogawa dans son dernier roman, Le musée du silence.
Véritable monument aux morts, "lieu de repos d’un monde ancien", le musée d’Ogawa accueille, conserve et recense les objets volés aux défunts du village. Hétéroclites, sans d’autre valeur que d’être les derniers représentants d’une vie maintenant réduite au silence - poignée d’herbe, scalpel, œil de verre, sécateur - les objets s’alignent sous le regard malade de la vieille dame qui raconte leurs histoires, leur conférant ainsi une part d’éternité. Le lieu n’est pas sans rappeler la boutique de taxidermie de L’annulaire [1]. L’obsession de la chair et du corps, la mort et le temps qui passe, reviennent tel un leitmotiv dans l’œuvre de l’auteure japonaise, ici, et dans d’autres textes, comme Une parfaite chambre de malade, nouvelle publiée parallèlement au Musée du silence.
Mais à ce travail muséologique, qui constitue l’intérêt premier du roman, se joint une vague intrigue policière faite d’attentat terroriste et de meurtres en série que rien ne relie. L’enquête criminelle qui s’ensuit contraste quelque peu avec le reste du roman, comme si ces drames trop réalistes n’arrivaient pas à trouver leur place dans l’univers mystérieux d’Ogawa. La force de l’auteure est toutefois de savoir conserver, pour le plus grand plaisir du lecteur, l’inquiétante étrangeté de son univers.
Yôko Ogawa, Le musée du silence (traduit du japonais par Rose-Marie Makono-Fayolle), Actes Sud, 2003, 317 pages, 19 €
[1] L’annulaire de Yôko Ogawa est paru chez Actes Sud en 1999, il est disponible en poche, collection "Babel"
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