Le 1er novembre 2022
Vasken Toranian réunit un quatuor de paumés pour nous parler, entre humour et gravité, d’exil et de solitude mais aussi de la force de l’entraide et du sens de la famille.
- Réalisateur : Vasken Toranian
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : JHR Films
- Durée : 1h07mn
- Date de sortie : 2 novembre 2022
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Résumé : Dans le monde du jeune Kaleb, il y a sa mère sans papiers Betty, son grand frère de substitution Mehdi, et surtout Jean-Luc, le tailleur solitaire qui s’est pris d’affection pour ce petit garçon. Dans la foule des anonymes de Paris, ils n’auraient jamais dû se croiser. Le destin les a pourtant rassemblés pour former une famille improvisée, liée par la mission de construire un futur à Kaleb.
Critique : Après quelques courts métrages remarqués et Jennig, un premier documentaire consacré à une Arménienne âgée de 93 ans, irrévérencieuse et combative, Vasken Toranian nous convie à la naissance d’une amitié solide entre deux réfugiés éthiopiens et deux citoyens français désenchantés.
Dans sa boutique de confection, Jean-Luc semble bien esseulé. Artiste dans l’âme, il a déjà vécu mille vies mais ne semble plus attendre grand-chose. Il reçoit, de temps à autres, la visite de son ami Mehdi, quelque peu marginalisé lui aussi. L’irruption d’un gamin, peu loquace mais vif et curieux, qui s’intéresse à ses coupons de tissu autant qu’à sa machine à coudre, éveille soudain son intérêt. Quelques jours plus tard, il rencontre sa mère. Betty fait le ménage dans l’immeuble qui abrite son magasin. Traumatisée par un passé douloureux, elle garde ses distances avec tous ceux qui l’abordent. À l’âge de sept ans, elle perd sa famille, décimée lors du conflit entre l’Érythrée et l’Éthiopie. Pendant dix ans, au Soudan, elle subit les maltraitances d’une famille pour qui elle travaille mais parvient à épargner suffisamment pour payer le passeur qui l’amènera jusqu’en France. Là, sans passeport, ni identité, elle est hébergée dans un camp de migrants où elle rencontre le père de Kaleb qui les abandonne tous les deux. Grâce à une association, elle trouve quelques petits jobs et vit au Samu social avec son fils. Jean-Luc parvient néanmoins à gagner sa confiance et le rêve de Betty d’obtenir des papiers devient le combat de Jean -Luc.
- Copyright JHR Films
Pourtant il n’est pas question de faire le procès d’une administration toute kafkaïenne soit-elle, pas plus que celui de cet avocat peu scrupuleux à qui Jean-Luc avait offert plusieurs costumes en échange d’une aide juridique pour Betty. D’origine arménienne, Toranian revit, à travers le parcours de Kaleb et Betty, le chemin de l’exil et de la résilience du peuple arménien. Alors, il en est sûr, c’est bien la rencontre miraculeuse de ces destins cabossés qu’il veut filmer. Il lui faudra trois ans pour apprivoiser ces êtres meurtris qu’il nous donne la chance de voir renaître à la vie. Car il ne s’agit ici que de partage.
- Copyright JHR Films
Afin de retranscrire l’émotion, le réalisateur fait le choix d’un récit immersif. Une caméra sur laquelle il fixe un micro pour filmer ses personnages au plus près renforce le sentiment de proximité avec eux et permet au spectateur de profiter pleinement de la beauté de cette aventure éminemment humaine. Sans brusquerie, on suit progressivement l’éveil d’un enfant perdu qui, grâce à la bienveillance de professionnels médicaux, trouve peu à peu ses repères dans un monde trop vaste pour lui ; l’épanouissement d’une femme qui peut enfin envisager l’avenir avec sérénité ; tandis que le désabusé Jean-Luc, soutenu par la générosité de son copain Mehdi, sort de sa léthargie, poussé par un garnement attachant qui fait de lui un grand-père comblé. En se sauvant mutuellement, tous les quatre composent une famille de cœur certes dysfonctionnelle mais d’une puissance à toute épreuve qui ne peut que susciter l’empathie.
Toranian se place à hauteur d’enfant pour décrire une réalité où la solidarité l’emporte sur la violence, amenant son histoire aux frontières du conte de fées. Un peu de douceur dans un monde de brutes ne peut pas faire de mal.
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