Le maître d’armes - la critique du film

Notre avis : Cette évocation romancée d’une figure mythique des arts martiaux, Huo Yuanjia, vaut surtout pour les superbes combats, impeccablement chorégraphiés par le duo Yuen Woo-ping et Jet Li, qui signait là sa septième collaboration. Mais si l’accumulation de séquences spectaculaires est fondée sur un savoir-faire indéniable, avec un usage des plans longs qui signe l’authenticité des combats, un souci de mettre en valeur la variété des styles qui caractérisent le wǔshù, dans des configurations parfois originales -un sabre chinois affronte une épée espagnole-, le film ne parvient pas globalement à dissimuler la misère scénaristique qu’illustrent des scènes sentimentales, avec des dialogues idoines, d’une platitude confondante.
Le parcours du héros suit un chemin rectiligne, sur le mode du récit initiatique où s’entrecroisent les thématiques de l’honneur et de la filiation, une scène de combat fonctionnant, selon une configuration très convenue, comme hapax existentiel : c’est parce qu’il a assisté à la défaite de son père que le jeune Huo décide d’approfondir sa pratique de la discipline, l’heure de la vengeance contre l’adversaire sonnant un peu plus tôt que prévu, dans une séquence où Jet Li se contente de postures à la Jackie Chan, sous les acclamations de la foule. Si elle montre une nouvelle fois ses formidables qualités de pratiquant, la star des arts martiaux révèle la pauvreté de son jeu, assumant médiocrement son rôle qui, pourtant, oblige le comédien à une réelle variété dans l’expressivité des sentiments. D’où la mauvaise idée de le filmer en gros plan, tandis que le héros tient sa fille assassinée par le fils de maître Chin.
La retraite à la campagne du personnage permet de superbes plans d’ensemble sur des paysages de rizières, qui rachètent l’ennui engendré par la relation entre Lune et le protagoniste. Pour ne rien arranger, l’arrière-fond historique est totalement bâclé, le film n’évoque évidemment pas le lien entre la démocratisation des arts martiaux et la fin de la dynastie Qing, se contente de mettre en scène les disciples de la Chin Woo Athletic Association qui s’époumonent, en psalmodiant les principes de cet art, avant que d’ultimes combats, gâchés par un thé empoisonné, ne transforment l’histoire en drame, achevant de forger la légende du personnage.