Le Loup de Wall Street cartonne : Metropolitan Filmexport retrouve le sourire

Le succès du dernier Scorsese est colossal en France et aux USA. Un succès bienvenu pour le dernier des grands indépendants français, le distributeur Metropolitan Filmexport, à qui nous rendons hommage...

Grande communication chez Metro autour des chiffres du dernier Scorsese, Le Loup de Wall Street, qui comptabilise pour sa première journée en France, 133.405 spectateurs, dont 49.241 sur Paris. Pas mal pour un film de 3 heures, qui ne parle que de coke et de "coke whores" et qui devrait aisément finir sa glorieuse carrière au-dessus des 2 millions d’entrées France. Le film jubilatoire avec Leonardo DiCaprio, parmi les plus jouissifs et originaux de l’année, confirme ainsi l’embellie chez Metropolitan Filmexport, après une année franchement catastrophique.
Pour l’auteur de ces lignes, Metropolitan, c’est peut-être historiquement la crème des distributeurs. L’un des derniers indépendants historiques, spécialisés dans les années 80 dans des films de genre improbables comme Les 7 commandants du Kung Fu, La terreur de Shaolin, Le Bon, la Brute et la ceinture d’or... Puis Invasion Los Angeles et L’antre de la folie de Carpenter, Le sang du Châtiment de Friedkin... Metropolitan, lié à Arts et Mélodie, distribue également Creepshow et Evil Dead en 1983, les deux films monstres des années 80. Les premiers Van Damme trouvent toute leur force chez Metro qui se fait une joie de taper du poing pour sortir tous les cartons de l’acteur belge, jadis très populaire...
La société mythique de Samuel Hadida se développe de façon fulgurante dans les années 90, notamment grâce au succès inespéré de Mortal Kombat avec Christophe Lambert, quasi millionnaire sur la capitale. L’association du distributeur avec l’Américain New Line lui ouvre les portes d’un succès considérable en 96 avec Seven, 3e plus gros succès de l’année avec 4.959.000 entrées. Austin Powers et surtout le succès de la première trilogie du Seigneur des anneaux avec des films à plus de 6 millions d’entrées, feront de l’indépendant tenace, qui ne reniera jamais le cinéma de genre et la série B, une mini major en France...
Les temps sont alors ceux de l’oppulence avant la décision fratricide de Warner de récupérer sous sa coupe la division New Line. Désormais, tous les grands titres du studio seront distribués par la maison mère : des Destination Finale au Hobbit. Une perte conséquente pour Metropolitan qui doit se réinventer en trouvant un nouvel associé privilégié pour combler les pertes. Les rois de la série B cheap de Lionsgate et Millenium feront l’affaire, pour le meilleur (Expendables) et le pire (les derniers Stallone et Schwarzy en solo).
En 2013, le distributeur toujours très actif (plus de 24 sorties, soit la société la plus dynamique et régulière dans son rythme de sorties) connaît de grosses difficultés en raison d’une série noire insupportable : Gambit, A la merveille (un Malick !), Du plomb dans la tête, Rampart, L’aube rouge, Drôles d’oiseaux, 12 heures, Jobs, Crazy Joe, Iceman, Un Grand mariage, Infiltré, Les âmes vagabondes, The Master... La liste est longue. Dans ce marasme, au premier semestre, seul Evil Dead fait le job.
Heureusement toutefois, le distributeur a pu jouer de belles cartes lors de ces 4 derniers mois : Le Majordome le conduit aux portes des 2 millions d’entrées. Qui y croyait ? Une belle compensation pour les pertes de La Stratégie Ender, qui est un nouveau désastre. Mais c’est surtout l’envol d’Hunger Games avec un second volet en tous points supérieur au premier titre, qui réaffirme la force du distributeur. Le film pour adolescent file vers les trois millions... Un succès qui tombe à point, alors que parallèlement, Metro essuie de lourdes pertes avec le Wikileaks movie, Le cinquième pouvoir, ignoré par la France entière.
Aujourd’hui, les chiffres du Loup de Wall Street redonnent encore plus de vitalité à Metropolitan, maillon essentiel à la distribution française, au milieu de majors ronflantes dans leurs choix canoniques (UGC, Gaumont... qui de ces groupes auraient sorti la saga Saw en salle, hein ?). Pour 2013, la perspective est de nouveau radieuse, avec le 3e volet des Expendables prévu pour août, et la première partie du chapitre 3 de Hunger Games : la révolte, en novembre. Sans oublier I Frankenstein en janvier et surtout le succès américain American Bluff, avec Jennifer Lawrence, Chirstian Bale et Bradley Cooper, que nous découvrirons au moment des Oscars en février !
Bref, longue vie à Metro, à son éclectisme, son jusqu’au-boutisme dans le cinéma de genre. Qu’ils continuent à nous surprendre en 2013...