Le 5 juin 2023
Cette libre adaptation du célèbre récit de Maupassant lorgne sur une atmosphère polanskienne. Mais la réalisation trop sage nous laisse à distance de la peur.


- Réalisateur : Marion Desseigne-Ravel
- Acteurs : Philippe du Janerand, Bastien Bouillon, Miglen Mirtchev, Mouna Soualem, Alix Blumberg dit Fleurmont
- Genre : Drame, Fantastique, Téléfilm
- Nationalité : Français
- Distributeur : Arte
- Durée : 1h31min
- Date télé : 2 juin 2023 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 26 mai 2023

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Résumé : Damien, Nadia et leur fille Chloé quittent Paris pour s’installer à Tours. Damien se sent mal dans cet appartement. Alors que Nadia commence à trouver ses marques, Damien reste seul dans l’appartement. Il sent comme une présence et se demande s’il n’est pas en train de devenir fou. Ces tensions mettent en péril leur couple. D’autant plus que Nadia tombe enceinte. Mais Damien reste convaincu que le problème n’est pas à l’intérieur mais à l’extérieur de lui. Il réalise que les habitants de l’immeuble ont tous des choses à cacher. Il faut se débarrasser du Horla. Par tous les moyens.
Critique : Librement adapté de la célèbre nouvelle de Maupassant, comme le précise le générique, le téléfilm de Marion Desseigne-Ravel transpose l’histoire du Horla dans un univers contemporain - plus précisément un grand immeuble - tout en gardant la trame de l’histoire, celle d’un homme qui se croit assailli par une présence invisible. Il fallait une bonne dose de culot pour proposer une nouvelle adaptation d’un texte magistral, totalement construit sur la subjectivité du journal intime.
Comment retrouver le huis clos induit par la structure même du récit lorsque l’adaptation filmique imagine l’histoire d’un couple avec un enfant ? Tout simplement en isolant le héros Damien dans sa perception d’un bruit sourd et en laissant grandir un doute propre au fantastique : le personnage est-il victime d’hallucinations ou les couloirs déserts de l’immeuble recèlent-ils de sombres secrets ? Peu à peu, les phénomènes étranges se succèdent : une bouteille qui se vide sans qu’on sache qui l’a bue, un ordinateur qui échappe à la maîtrise de son propriétaire, graphiste, isolé, perturbé par son télétravail (certains y verront une métaphore de nos vies confinées), des locataires intrigants qu’on croirait sortis d’une histoire polanskienne. À mesure que l’on avance dans l’histoire, les destins professionnels des deux personnages divergent : elle s’épanouit dans son nouvel institut de recherche, il s’étiole entre quatre murs, à la recherche d’explications. Le malaise du couple, solidaire de la progressive irruption d’une atmosphère paranoïaque, ne parvient pas à dissiper une impression de déjà-vu : on pense parfois à Dark Water, dont Le Horla cherche à retrouver l’ambiance ; on pense bien sûr au Locataire, vers lequel cette œuvre lorgne volontiers, sans parvenir à inquiéter tout à fait. La faute à une réalisation trop molle, un scénario trop prévisible et des personnages sommairement charpentés.