Le 25 juillet 2024
Axel Foley, trop vieux pour ces âneries ? Pas sûr, d’autant qu’Eddie Murphy a encore une sacrée faconde.
- Réalisateur : Mark Molloy
- Acteurs : Kevin Bacon, Eddie Murphy, Joseph Gordon-Levitt, John Ashton, Paul Reiser, Judge Reinhold
- Genre : Action, Thriller, Comédie policière
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Netflix
- Durée : 1h55mn
- VOD : Netflix
- Titre original : Beverly Hills Cop: Axel F.
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– VOD sur Netflix : 3 juillet 2024
Résumé : L’inspecteur Axel Foley reprend du service à Beverly Hills ! Lorsque la vie de sa fille est en jeu, il fait équipe avec elle, mais aussi avec un nouveau partenaire et ses vieux potes Billy Rosewood et John Taggart, pour mettre au jour un complot. La température risque de monter d’un cran !
Critique : Il aura donc fallu trente ans et une palanquée de réalisateurs démissionnaires (Brett Ratner, Barry Sonnenfeld, Adil El Arbi & Bilall Fallah) pour que voie le jour ce quatrième Flic de Beverly Hills, longtemps Arlésienne hollywoodienne. A priori, ce come-back tardif et, osons le dire, superflu, cumule tout ce qui cloche dans l’horizon hollywoodien actuel : recours à des formules et des « marques » antédiluviennes, storytelling balisé faisant de la progéniture du protagoniste principal les héros de demain, distribution en forme de clins d’œil et de caméos faciles… Pourtant, si l’on sait passer outre ces mauvaises habitudes désormais écrites dans le marbre du blockbuster, on pourra apprécier à sa juste valeur, aussi modeste soit-elle, ce nouveau (et pas forcément dernier) volet.
- © 2024 Netflix. Tous droits réservés.
Eddie Murphy y est logiquement pour beaucoup. Extirpé du purgatoire hollywoodien grâce à une série de premiers rôles convaincants (dans Un prince à New York 2, You People et surtout le fabuleux Dolemite Is My Name), l’acteur enfile à nouveau sans mal le jean et la veste de sport du personnage qui a fait de lui une star mondiale. Même après avoir passé trois décennies au frigo, Axel Foley est toujours ce flic qui ne respecte rien ni personne – bien qu’il s’assagisse un peu, grâce à sa fille et un partenaire d’enquête moderne et même « déconstruit » comme on dit aujourd’hui. Murphy en fait des tonnes, roule des mécaniques, dégaine les accents les plus exotiques et les bobards les plus improbables pour charmer ou embobiner son audience. Axel F. a l’idée, simple et limpide, de laisser les clés du camion à la vis comica de l’acteur, à peine entamée à soixante ans passés.
Ailleurs, on pourra reprocher au long métrage de jouer le minimum syndical côté intrigue – étrange que ce film policier où l’enquête est réduite à la peau de chagrin. On se souviendra pourtant que les trois premiers volets étaient aussi conçus ainsi ; dès le début, les méchants (rupins sans vergogne, flics ripoux au sourire carnassier, hommes de mains neuneus) agissent à visage découvert, sans même craindre de se faire prendre la main dans le sac. Face à eux, Axel Foley n’est pas un policier exemplaire ou miné par la dureté de son quotidien – peut-être aurait-ce été le cas s’il était né dans les années 1970, et non dans les criardes eighties – mais plutôt un élément perturbateur. Un digne représentant en col bleu de l’Amérique d’en bas, qui vient chercher la petite bête à ces ronds-de-cuir et les force à tomber les masques.
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En cela, Foley n’est pas si différent d’un autre inspecteur mythique : Columbo – l’homme qui cachait derrière son apparence douteuse et ses drôles de facéties des capacités de déduction toutes holmesiennes. Chez Columbo, le travail policier se confondait souvent avec la lutte des classes ; même logique pour Axel Foley, alors que le personnage revêt en plus une dimension ethnique et territoriale : quoi de plus terrifiant, de plus honteux, pour les toubabs huppés de Beverly Hills de se voir corrigés par un Noir de Detroit qui parle comme un charretier ? En 1984, cet affrontement, fût-il policé et tourné en dérision, était déjà bien ancré dans les mentalités étasuniennes. Aujourd’hui, dans une Amérique trumpisée, comment dire…
Alors, suite au cinquième épisode ? Sans doute, oui : on voit mal Netflix laisser dormir une saga pour les droits de laquelle elle a cassé le cochon, et Eddie Murphy renoncer à profiter de cette gloriole retrouvée. Point de retraite pour Axel Foley, donc, sauf peut-être, bien sûr, une retraite à poings.
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