Le 11 juin 2020
Le premier épisode de cette mini-série portugaise est une intéressante hybridation entre drame familial et tragédie politique, même si la mise en scène manque quelque peu de rythme.
- Acteurs : Albano Jerónimo, Sandra Faleiro, Miguel Borges
- Genre : Drame
- : Arte
- Durée : 3 épisode de 52 minutes
- Date télé : 11 juin 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : A Herdade
- Date de sortie : 11 juin 2020
L'a vu
Veut la voir
Résumé : À travers une grande saga familiale et le portrait des habitants d’une des plus grandes propriétés d’Europe, "Le domaine" met en scène la société portugaise des années 1940 à nos jours.
Critique : La séquence d’ouverture, macabre, semble issue d’un tableau de Brueghel l’Ancien qui aurait pris le soleil portugais. Un homme s’est pendu à un olivier. Sa silhouette se détache dans un ciel azur, parsemé de quelques nuages, s’impose par sa tragique verticalité. Deux adultes regardent le mort, l’ont sans doute découvert. L’un d’eux impose cette vision d’horreur à un petit garçon aux fins de lui apprendre que "tout finit par disparaître, pour de bon". L’enfant s’enfuit horrifié. Il sera l’héritier intraitable, dont le pouvoir repose sur un traumatisme.
Dès les premières minutes, la configuration renvoie aux tragédies grecques. L’arrière-fond politique de la saga familiale est documenté par des images d’archives qui disent l’histoire du pays : l’engagement colonial en Angola, la destitution du dictateur António de Oliveira Salazar et son remplacement par Marcelo Caetano, suite à l’AVC du potentat.
Après les séries scandinaves et anglaises, Arte s’intéresse au sud de l’Europe, à travers une saga familiale impactée par des bouleversements politiques. Sur des milliers d’hectares, règne l’intraitable Joao Fernandes que le gouvernement vient solliciter pour un soutien à l’intervention menée en Angola, durant la guerre d’indépendance. La réception de deux émissaires du pouvoir lui permet de faire une double démonstration, dans l’intimité complètement domestiquée et réduite à sa main et dans l’immense propriété où il domine ses ouvriers.
Pourtant, le seigneur de ces lieux ne veut pas se mêler des affaires publiques et oppose d’abord une fin de non-recevoir à la pressante requête de ses deux visiteurs, ce qui le conduit à un bras de fer inéluctable avec le pouvoir, auquel se superpose un affrontement familial (le beau-père est l’ennemi).
Le premier épisode de cette saga privilégie la lenteur et le silence qui s’accordent à une certaine pesanteur, largement suscitée par le comportement inflexible de Joao : de l’éducation impatiente du jeune fils sur son cheval jusqu’à la placide destruction d’un document présenté par le mandaté Fonseca, le maître du domaine ne cède en rien, exerce un droit de cuissage sur ses servantes, mais est aussi capable d’intercéder auprès d’un inspecteur, pour défendre un travailleur arrêté par la police en raison de ses activités en faveur du communisme. La complexité du héros est incarnée avec sobriété par l’acteur principal, Albano Jerónimo. A travers son jeu, il condense les contradictions du héros, de sa position sociale, mise à l’épreuve par l’effet des circonstances.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.