Le 23 avril 2018
Jean Herman signe une comédie qui louvoie entre loufoque et satire, sympathique à défaut d’être maîtrisée.
- Réalisateur : Jean Herman
- Acteurs : Jean Rochefort, Danielle Darrieux, Françoise Arnoul, Jean-Pierre Moulin
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 1h40mn
- Box-office : 20 991 entrées France
- Date de sortie : 13 janvier 1967
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– Sortie DVD : le 22 janvier 2018
Résumé : En 1936, à Bordeaux, une mercière, Julia, s’éprend d’un soldat beaucoup plus jeune qu’elle, Valentin. Une fois mariés, ils décident, à la faveur d’un héritage, de s’installer à Paris, où il travaille comme encadreur tandis qu’elle s’adonne à la voyance...
Notre avis : Deuxième film de Jean Herman, qui s’est ensuite consacré exclusivement à l’écriture sous le nom de Vautrin, Le dimanche de la vie est une adaptation souriante d’un roman de Queneau qui a signé les dialogues. Pour en transcrire la fantaisie, le réalisateur joue des possibilités du cinéma avec une naïveté touchante : contre-plongée, angles bizarres, fermeture à l’iris, effets de montage, accélérés, ralentis… C’est tout un arsenal qui défile, rappelant parfois le muet, à l’image de certains acteurs caricaturaux (Rochefort, Blin), et donnant une couleur désuète à une intrigue qui évolue par à-coups surprenants.
Forcément, le film prend parfois des aspects décousus et tient du fourre-tout plaisant, avec des séquences ahurissantes, comme le repas au restaurant allemand de l’exposition universelle, en présence (rêvée) d’un Hitler vociférant et balayé par un vent quasi-fellinien. Une bizarrerie de plus dans un métrage qui en compte beaucoup : ainsi du numéro de voyance dans lequel Darrieux utilise un accent russe et des expressions enfantines. D’une manière générale, les dialogues sont évidemment savoureux, depuis les clichés savamment répétés sur les impôts qui augmentent jusqu’aux jeux sur les mots (le « hasard »), en passant par des clins d’œil (le film avec Danielle Darrieux…).
Mais l’œuvre cache aussi sous des dehors joyeux une description précise d’une époque et d’un milieu, celui des petits commerçants de l’avant-guerre. Dans un Paris aux allures de village, les partisans de l’Action française voisinent avec les admirateurs de Blum, pendant que se prépare un conflit que beaucoup nient ; dernier temps d’insouciance, pendant lequel on peut encore disserter sur les différences entre les balais ou fréquenter un établissements luxueux (dans lequel Danielle Darrieux est remarquable de vulgarité). Au fur et à mesure que la guerre se rapproche, Le dimanche de la vie gagne en noirceur : c’est un homme qui tue sa femme parce qu’elle « l’emmerdait », une mendiante qui souhaite dans un discours halluciné que tout le monde y passe ; ce sont enfin les dernières images, tragiques et belles, annonciatrices de la catastrophe à venir.
Cela ne fait pas un chef-d’œuvre, loin de là : le film manque d’unité, de rythme et les trouvailles ne sont pas toutes heureuses. Reste qu’il est étonnant, et que la galerie des seconds rôles anime avec brio cette histoire peu conventionnelle où la poésie affleure dans le quotidien le plus morne.
Les suppléments :
La bande-annonce de films de la même collection, c’est tout.
L’image :
Pas terrible : parasites plus ou moins envahissants, sautes d’image, définition insuffisante, plans charbonneux... L’âge du film explique l’usure de la copie, de toute évidence pas restaurée.
Le son :
Là non plus rien d’enthousiasmant. La seule piste souffre d’un manque très net de précision et de limpidité. De rares passages peu audibles.
Galerie Photos
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