Faites comme si (je) n’étais pas là
Le 7 novembre 2011
Un portrait d’adolescent d’une vraie justesse, non sans défauts, mais magnifié par un Gaspard Ulliel prodigieux.


- Réalisateur : Rodolphe Marconi
- Acteurs : Bruno Todeschini, Gaspard Ulliel, Nicole Garcia
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 3 novembre 2004

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Un portrait d’adolescent d’une vraie justesse, non sans défauts, mais magnifié par un Gaspard Ulliel prodigieux.
L’argument : A Noël, Simon débarque chez ses parents avec une jeune inconnue rencontrée dans le train de nuit. Durant le séjour, un coup de téléphone vient remuer cette famille sur laquelle un secret profondément gardé pèse depuis vingt ans.
Notre avis : Tout le film repose sur les solides épaules de Gaspard Ulliel qui porte seul une chronique adolescente aussi dépressive que radicale sur fond d’ambiguïté sexuelle, d’incertitudes universelles et de doutes latents. Tout sonne juste chez cet ado en proie à un mal-être qui le ronge intérieurement, l’empêche d’être comme les autres et d’appartenir à ce troupeau d’égoïstes qui l’entourent et incarnent la déception et les désillusions de la vie. Il est beau mais tellement torturé par ses propres démons qu’il manque d’assurance et de fait ne peut confier ses sentiments à quiconque, ni à son père avec qui il ne communique guère, ni à sa mère aveuglée par l’amour excessif qu’elle lui porte.
Aux antipodes d’une chronique adolescente frivole, l’émotion est ici nue ; la tonalité, grave. Le style, dépouillé de tout artifice comme pour refléter l’environnement clinique et étouffant du personnage, fait de mensonges, de frustrations, de désirs et de secrets. Seulement, dès lors qu’on quitte le portrait - réussi - de l’adolescent, les relations reposent uniquement sur un mode elliptique qui peut irriter et rappeler les tics d’un certain cinéma d’(h)auteur...
Tous les personnages secondaires semblent porter le regard méprisant du cinéaste qui les tient pour responsable d’une tragédie minimaliste où une âme pure, trahie par les siens, fouille son passé pour accepter - ou pas - la lâcheté des hommes. Il y a chez Marconi une rage, une maladresse, une colère qui ne peuvent rester sans écho. Il y a du vécu qui transparaît à l’écran. Et puis, il y a Gaspard Ulliel bien sûr, stupéfiant, fascinant, indiscutable.