Le 8 novembre 2024
Une comédie qui fait du bien grâce à son habileté à parler de sujets graves sans se prendre au sérieux ni égratigner personne.
- Réalisateur : Noé Debré
- Acteurs : Agnès Jaoui, Michael Zindel, Solal Bouloudnine, Eva Huault
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 8 novembre 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 24 janvier 2024
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Résumé : Bellisha a vingt-six ans et mène une vie de petit retraité : il va au café, fait le marché, flâne dans la cité... Il vit chez sa mère Giselle, qui sort très peu et à qui il fait croire qu’il est solidement intégré dans la vie active. Le vent tourne quand Giselle s’aperçoit qu’ils sont les derniers juifs de leur cité. Elle se convainc qu’il faut qu’ils partent eux-aussi. Bellisha n’en a pas très envie mais pour rassurer sa mère, il lui fait croire qu’il prépare leur départ.
Critique : Depuis plusieurs années, Noé Debré s’illustre comme scénariste au service de courts-métrages, séries télévisées ou longs-métrages. On lui doit récemment La Vénus d’argent d’Héléna Klotz, mais aussi Le prince oublié de Michel Hazanavicius, Le brio d’Yvan Attal, Les cowboys de Thomas Bidegain ou Dheepan de Jacques Audiard, entre autres. Pour sa première réalisation, il choisit le sujet sensible de la place de la judaïté en France. Pour le rire et pour le meilleur, il balaie tous les clichés et privilégie sans mièvrerie ni faux-semblants la voie de la réconciliation plutôt que celle de la polémique.
- Copyright Simon Birman
Bellisha (Michael Zindel) est un jeune homme doux qui vit dans sa bulle. Il n’a qu’un rapport lointain avec la religion de sa famille. Il préserve avant tout sa liberté d’agir et de penser et n’a nullement l’intention de s’enfermer dans une quelconque case identitaire. Il est totalement indifférent à l’antisémitisme qui règne autour de lui et particulièrement dans sa cité de banlieue où il semblerait bien que sa mère et lui soient les derniers juifs présents. Il n’en va pas de même pour sa mère (Agnès Jaoui), une femme envahie par des idées racistes et plus attachée que lui aux préceptes religieux et culturels. Déprimée par la situation, elle espère que son fiston va prendre les dispositions nécessaires pour leur permettre de quitter cet endroit qu’elle prétend ne plus supporter. Mais c’est faire omission du flegme de Bellisha d’autant qu’il se trouve plutôt bien dans sa barre d’immeuble entre ses copains, Noirs et Arabes, et cette femme musulmane et mariée avec qui il entretient une liaison discrète.
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Dans un savant équilibre, le scénario ne nie rien des tensions sous-jacentes ou réelles mais donne à son protagoniste les moyens de les désamorcer. Moqueur, il affuble la mère de contradictions dont personne, à commencer par elle, n’est dupe, gommant ainsi chez ce personnage attachant toute trace de désespérance au profit d’une versatilité comique.
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Pour donner des couleurs à cette histoire de défense territoriale, il fallait bien une équipe de choc. En associant la sensibilité d’Agnès Jaoui et la facétie de ce comédien qui gagne à être connu qu’est Michael Zindel, il fait mouche. Développant une fois encore son goût des autres, Jaoui nourrit de sa générosité cette mère bien plus complice qu’il n’y paraît, tandis que lui promène son regard lunaire et sa silhouette dégingandée sur une situation qu’il traite avec une nonchalance salutaire.
Sous son allure de contre poétique et décalé, Le dernier des juifs démontre qu’il est possible de bâtir une comédie légère et pétillante autour d’un sujet brûlant sans en nier la gravité. Romain Gary n’a t-il pas affirmé : « L’humour est une affirmation de la dignité, une déclaration de la supériorité de l’homme face à ce qui lui arrive. »
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