Le 5 décembre 2013
Remarqué au festival de Sundance et à la Semaine de la Critique à Cannes, le second film de Sébastien Pilote est un drame familial et agricole intrigant, quoiqu’un peu long.


- Réalisateur : Sébastien Pilote
- Acteurs : Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier, Sophie Desmarais, Michel Daigle
- Genre : Drame
- Nationalité : Canadien, Québécois
- Durée : 1h52min
- Date de sortie : 4 décembre 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013

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Remarqué au festival de Sundance et à la Semaine de la Critique à Cannes, le second film de Sébastien Pilote est un drame familial et agricole intrigant, quoiqu’un peu long.
L’argument : Gaby est éleveur de moutons dans une ferme qu’il a héritée de son père. Il y vit seul depuis que ses filles sont parties s’installer à Montréal. Dans cette région reculée, la crise économique contraint de plus en plus les paysans à céder leurs propriétés. Gaby, lui, résiste. Sa ferme est sa seule raison de vivre. Jusqu’au jour où sa fille, acculée par des problèmes financiers, lui demande de l’aide. Gaby, chez qui le sentiment de paternité est particulièrement développé, va tout faire pour l’aider...
Avis : Ayant fait l’ouverture du Festival du Cinéma du Québec à Paris la semaine dernière, le second film de Sébastien Pilote fait grandement parler de lui depuis sa présentation à la Semaine de la Critique (Cannes) où il a obtenu le prix SACD.
Depuis quelques mois, la vitalité du cinéma québécois ne s’incarne plus uniquement par le jeune cinéaste Xavier Dolan mais également par de nouvelles têtes telles que Chloé Robichaud (Sarah préfère la course) et Sébastien Pilote. Remarqué avec son premier film Le Vendeur, qui était une réflexion sur le monde du travail, ce cinéaste a le mérite d’aborder des thématiques et des sujets peu présents dans le cinéma québécois actuel. Son second film met en avant un Québec rural, à travers la figure de Gaby (incarnée par Gabriel Arcand), fermier de 63 ans au visage buriné, qui pour pallier aux soucis financiers de sa fille aînée va devoir démanteler sa ferme.
Loin du tumulte des films de Xavier Dolan, Le Démantèlement détonne au contraire par sa modestie, que ce soit dans sa forme, et dans ce qu’il raconte. Dans sa forme, car le cinéaste prend son temps et s’inspire évidemment des westerns américains, avec ces plaines filmées comme dans un John Ford, donnant à ce territoire une dimension magique et irréelle, ce qui dénote avec la déliquescence de ce monde agricole. Cette simplicité dans la mise en scène se retrouve dans sa peinture des personnages, dont la difficulté est de nous les rendre attachants alors que ceux-ci se dévoilent peu. En effet, Gaby est un personnage taiseux dont on nous distille les informations mais qui n’en est pas moins bouleversant, et ce en grande partie grâce à l’incarnation de l’acteur Gabriel Arcand.
Taiseux, car c’est un grand film sur l’incommunicabilité familiale, en l’occurrence entre un père et ses deux filles : Marie et Frédérique (interprétée par la prometteuse Sophie Desmarais). Ce lien familial subsiste difficilement malgré les efforts déployés par Gaby. On pourra cependant reprocher au film quelques longueurs, et un propos si ténu que par moments on aurait aimé que Sébastien Pilote assume la dimension mélodramatique de son projet. En dépit de cela, Le Démantèlement reste un film passionnant.