Le convoi héroïque - la critique + le test DVD

Un western représentatif des débuts du parlant, qui révéla le légendaire Gary Cooper.

L’argument : Depuis le Missouri, un important convoi de caravanes se prépare à partir pour la Californie. Tandis que le régiment de cavalerie qui devait l’escorter part rejoindre l’armée nordiste du Général Grant, un homme en prend le commandement : le jeune éclaireur Clint Belmet. Avec pour lieutenants deux vieux trappeurs, il ouvre la voie vers l’Ouest, conscient qu’il va non seulement devoir déjouer la menace indienne, mais aussi affronter les Montagnes Rocheuses et d’autres dangers. En dépit des obstacles qui se dressent sur sa route, Belmet n’en reste pas moins sensible à la belle Felice, une migrante française...

Notre avis : curieux film que ce Convoi héroïque, représentatif d’une époque singulière et courte dans l’histoire du western, celle du début du parlant et des « histoires de caravanes ». Les grands récits épiques, comme Le Cheval de fer de John Ford, se mâtinaient de longues scènes dialoguées, avant que le même Ford révolutionne le genre avec La Chevauchée fantastique. En ce sens, le film est un témoignage intéressant dans l’évolution du western, et suscitera la curiosité des cinéphiles. Mais il faudra passer sur des personnages stéréotypés, des tunnels de bavardage, et une interprétation encore marquée par le muet. De même les scènes comiques ont perdu de leur verve, et il sera difficile d’être ému par la mort des deux « parrains » de Gary Cooper, enlacés dans leur chute. Les deux éclaireurs sont utilisés comme faire-valoir du couple vedette, et commentent sans cesse l’action, de manière plus ou moins drolatique. Ils sont surtout des caricatures d’hommes de l’ouest, hâbleurs, ivrognes, bagarreurs.

Le Convoi héroïque est passionnant en revanche en ce qu’il a été tourné avant le « Code Hays », et peut librement évoquer la prostitution ou le chantage sexuel. Quelques années plus tard, de telles libertés seront impossibles. Le couple Gary Cooper / Lili Damita se forme sur une série de mensonges et tout le film est une entreprise de légitimation de leur union, après diverses variations sur l’attirance, le rejet et la jalousie. Bref on est en pleine comédie sentimentale, mais dans un cadre de western.
Si l’on écarte l’intérêt historique du film, on sera frappé par le décalage entre des scènes intimistes, inégales, et les séquences en extérieurs, tournées avec de grands moyens, et qui épatent encore par leur beauté stylisée. Les plans larges sont composés avec soin -on pense à de nombreuses reprises à Ford dans ses aspects les plus picturaux. Un souffle certain passe alors, dans la longue marche des pionniers comme dans l’attaque des Indiens.
L’amateur de western trouvera donc son compte à la vision de ce film quelque peu boiteux , et il aura la surprise d’un générique inattendu et original.

Les suppléments :

Patrick Brion, en neuf petites minutes, évoque divers aspects du film. Yves Boisset le complète et s’attache en particulier au curieux destin de Lili Damita (16 minutes). Une galerie de photos et d’affiches, plutôt de qualité, achève de rendre ces bonus précieux.

L’image :

Un carton indique dès le début que le film a souffert : effectivement, des parasites, un manque de définition et de stabilité, des griffures accompagnent tout le visionnage. Mais vu l’âge du film et sa rareté...

Le son :

Là encore le temps a fait son œuvre : des deux pistes Digital Dolby 2.0 mono, la VO est préférable, mais le son reste étriqué et manque grandement de précision.