Le chemin du couchant – La chronique BD

La poursuite, et même la traque, pourrait-on dire, part de la civilisation en guerre où s’affrontent les soldats Canadiens et les rebelles métis de Louis Riel. Après une bataille sanglante, Dumont, un des seconds de Riel parvient à s’enfuir et le sergent Keller est chargé de le rattraper.
La traque commence et quitte la ville pour s’enfoncer dans la nature sauvage – et magnifiquement belle en pleine automne – des forêts du Saskatchewan.
Là, les deux groupes, chasseurs et chassés, vont se tendre des embuscades, s’attaquer, se tuer, et le conflit opposant Canada et rebelles devient vite un combat sanglant entre deux hommes, Dumont et Keller. Deux hommes qui se connaissent et savent anticiper les actions de l’autre. Deux hommes qui se réservent de belles – ou sales - surprises. Deux hommes qui nous apparaissent différents plus par l’uniforme qu’ils portent que par leurs manières de penser et d’agir.

L’aquarelle magique de Tisselli donne vie à Dumont, Keller et tous ceux qui les entourent mais surtout à la nature sauvage du Saskatchewan. Les couleurs resplendissantes, les décors envoutants ne peuvent que laisser pantois. Même l’absence de décors, marqués par des bandes ocres voire juste par le blanc de la page, fait ressortir les personnages dans leurs actions.
Une montagne tracée par quels étalements colorés plus ou moins dilués, des tâches orange foncé pour dénombrer les feuilles mortes de l’automne, les corps des chevaux arcboutés dans leur course à la musculature marqué de quelques lignes blanches, tout est incroyablement beau. Même si les personnages principaux restent de facture classique, héros de western aux épaules et à la mâchoire carrées, cette histoire est une explosion visuelle à chaque page.
Il manque juste quelques dessins demi-pages pour que le talent de Tisselli puisse nous éblouir encore plus.

Western de facture classique, cette BD vaut le détour pour son graphisme tout en finesse et ses délicates aquarelles qui rappellent le talent de Sergio Tisselli.