Le camp - la critique

Un documentaire pesé et pertinent sur le camp de réfugiés d’Agamé, au Bénin

L’argument : Petit à petit, les habitants d’un camp de réfugiés au Bénin transforment ce qu’ils appellent le "site" en village. Bâtir, planter : ces activités sont leur seul espoir de ne pas avoir à quitter les lieux.

Notre avis : Sous le regard du documentariste, les réfugiés du camp d’Agamé se livrent à un effort quotidien pour transformer ce lieu précaire en un village habitable. Sans complaisance, refusant notamment les lourdeurs du style "reportage", Jean-Frédéric de Hasque, qui n’intervient guère que pour rappeler à l’un des témoins que sa bouillie commence à brûler, filme ce camp avec un mélange de neutralité bienveillante et d’engagement manifeste. La réussite du film tient au va-et-vient entre des moments graves de prise de conscience et d’autres, plus légers, où se joue une forme de sympathie communautaire, avec une place de choix accordée aux pratiques artistiques, dont on estime souvent à tort qu’elles ne sont pas "indispensables" dans des lieux minés par la précarité.

Intéressant par sa démarche, le film comporte quelques moments brillants où se joue en sourdine - car dans l’espace clos du camp - la gravité de la situation. Au hasard, cette séquence où un jeune garçon décrit le camp qu’il dessine : "il y a du béton, puis du béton, puis du béton...". Son père intervient alors pour lui faire recommencer le schéma à la règle en effaçant soigneusement les clôtures : décalage frappant. On pourrait en citer bien d’autres, d’autant que Le Camp s’attache tout particulièrement aux relations entre les parents et les plus jeunes.

La justesse demeure donc bien le maître-mot de cette entreprise filmique réfléchie, engagée, et qui mérite d’être découverte en dépit de sa difficulté à trouver un rythme toujours adéquat à son propos.

Bande-annonce Le Camp par