Je te trouve très belle
Le 24 mars 2013
Le réalisateur Sven Taddicken fait naître le bonheur chez deux abîmés de la vie. Le genre de petit film revigorant qui fait du bien.


- Réalisateur : Sven Taddicken
- Acteurs : Jördis Triebel, Jürgen Vogel
- Genre : Comédie
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h34mn
- Titre original : Emmas Glück
- Date de sortie : 13 juin 2007
- Plus d'informations : Le site du film :

L'a vu
Veut le voir
Le réalisateur Sven Taddicken fait naître le bonheur chez deux abîmés de la vie. Le genre de petit film revigorant qui fait du bien.
L’argument : Emma vit seule. Couverte de dettes, elle élève des cochons dans une vieille ferme de famille délabrée. Elle traite ses animaux avec amour et tendresse, jusqu’à leurs derniers instants. Max est solitaire. Employé chez un concessionnaire automobile, il souffre continuellement de douleurs à l’estomac. Lors d’une visite chez le médecin, il apprend qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale. Sous l’impulsion d’une réaction excessive, il vole de l’argent à son seul ami et réserve un billet d’avion pour s’enfuir à Mexico. Mais en route, Max a un accident avec sa voiture : il "atterrit" dans la ferme d’Emma. Pour la jeune femme sauvage qui manque furieusement d’amour, cet homme semble être un don du ciel...
Notre avis : Nouvelle révélation venue d’Allemagne, Le bonheur d’Emma, de Sven Taddicken, a visiblement fait celui de ses spectateurs (le film a reçu un nombre impressionnant de récompenses dans divers festivals). Ce n’est pas étonnant : il appartient à cette catégorie de films minimalistes et roboratifs qui veulent rendre heureux pour contrer la grise mine. Et, avouons-le, dans son genre, c’est plutôt réussi. Pendant tout le film, deux personnages de rien vont chercher une reconnaissance, une attraction charnelle, un frisson érotique pour torturer la monotonie de leur vie overdosée de tracas et de spleen. Et rien de plus.
Au-delà de la mécanique un rien artificielle de rebondissements aussi farfelus que prévisibles, on est agréablement surpris par la faculté du cinéaste à s’attacher aux petits riens qui font les grands touts des idylles de dernière minute (les regards d’Emma espiègles, émoustillés, inquiets) ; à amplifier un romantisme brûlant dans un canevas usé à la corde (l’homme de la ville qui se ressource auprès de la belle des champs) ; à sonder le désir qui circule au-delà des mots. En somme, à faire la magnifique analyse du bonheur que nul n’élude.
Dans ces conditions, impossible de ne pas être ému. La relation intime entre ces deux âmes blessées qui donnent l’impression de s’être attendues toute une vie devient attachante. Même lorsqu’elle affecte les personnages secondaires qui ne se contentent pas d’être des ressorts vieillots de comédie. Ce film philanthrope doit beaucoup à ses interprètes (formidable Jördis Triebel) qui donnent un relief touchant à l’intrigue maladroite comme une déclaration d’amour et simple comme bonjour. Ça suffit pour rendre heureux le temps d’une projection.