Le 18 juillet 2018
Ce portrait d’une femme libre refusant les conventions fut censuré en Italie et non distribué en France. Il aura fallu attendre 2018 pour découvrir ce film emblématique des joutes avec la morale de l’époque. Le beau noir et blanc restauré permet à Vérone de resplendir de son charme passé.


- Réalisateur : Niccolo Ferrari
- Acteurs : Tomás Milián, Nino Castelnuovo, Anne Vernon, Milly, Nerio Bernardi, Antonio Centa, Riccardo Garrone, Georgia Moll
- Genre : Drame, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Théâtre du Temple
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 26 octobre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Titre original : Laura nuda
- Date de sortie : 18 juillet 2018

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– Année de production : 1961
Résumé : Laura, belle et jeune Italienne, épouse Franco pour se plier aux convenances. Très vite, elle s’ennuie dans son ménage et, n’éprouvant aucun amour pour son mari, va chercher le bonheur auprès d’autres hommes. C’est ainsi qu’elle rencontre Marco, un jeune professeur qui devient rapidement son amant...
Critique : Dans le cinéma italien des années 60, entre les cinéastes politiques qui continuent sur la lancée du néoréalisme (Francesco Rosi, Elio Petri…) et les maîtres de la comédie à l’italienne bien décidés à faire voler en éclat les représentations figées des mœurs et des institutions d’alors, s’insère Laura Nue, de Nicolò Ferrari, réalisateur méconnu de ce film jamais distribué en France.
Il aura donc fallu attendre 2018 pour le découvrir en salle dans une belle copie restaurée, avec un superbe noir et blanc qui nimbe d’une douce lumière les extérieurs de Vérone et renforce les clairs-obscurs exprimant les confusions et doutes de la Laura du titre.
Il y a un parfum de Nouvelle Vague dans cette histoire qui se déroule souvent en extérieur, et est-ce un hasard si l’on y trouve la fascinante Giorgia Moll, qui sera au générique du Mépris de Godard ?
- © Théâtre du TempleTous droits réservés/Lyre
Tout en Laura cristallise les projections d’une société figée qui refuse que la femme puisse évoluer librement. Entre les injonctions au mariage et à l’enfantement, on trace sa vie pour elle, que ce soit ses parents, son mari, ses collègues et même ses amants.
Cédant à la pression, c’est alors Madame Bovary qui s’ennuie dans une vie morne. Il faut voir arriver la belle gueule du ténébreux Tomás Milián pour réveiller un désir de vivre les sentiments qui ne semblait que l’affleurer en rêve.
Des traces de sensualité du début, où Laura nue sous une serviette à demi endormie ignorait un klaxon pour se laisser envahir sourire aux lèvres par un probable fantasme, il ne restera pas grand-chose dans le reste du long-métrage.
- Photo promotionnelle proposée par le distributeur le Théâtre du Temple
Mais l’important est ce portrait très moderne, qui résonne encore de nos jours, d’une femme libre à qui l’on nie ce désir de liberté. Le film explore ce thème par les dialogues et les situations, sans appuyer, comme un écoulement naturel. C’est là qu’il trouve sa grande beauté : la mise à nu de Laura, c’est Laura dans toute sa vérité, une vérité qui n’est pas bonne à dévoiler. Comment vivre lorsque l’on est en dehors de toute case imposée ?
Le réalisateur ne trouve pas la solution, il préfère la tragédie, parce qu’il n’est pas de solution ici qui échapperait aux mêmes schémas ou à l’utopie.
Une belle découverte qui nous tend un troublant miroir.
– Sortie salle (Italie) : 1961
– Inédit en France jusqu’en 2018
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