Papy fait de la résistance
Le 27 novembre 2013
Avec son casting quatre étoiles (Douglas, De Niro, Freeman, Kline), Last Vegas parvient-il à séduire ?
- Acteurs : Michael Douglas, Morgan Freeman, Robert De Niro, Kevin Kline
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 27 novembre 2013
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Avec son casting de stars, Last Vegas avait au moins quatre bonnes raisons de séduire. Mais le cabotinage des acteurs ne suffit pas à donner du relief à un scénario ultra convenu et à l’humour inopérant...
L’argument : Billy, Paddy, Archie et Sam sont les meilleurs amis du monde depuis... plus d’une soixantaine d’années. Quand Billy, le dernier célibataire de la bande, se décide enfin à demander sa petite amie d’à peine trente ans (bien évidemment !) en mariage, nos quatre über-seniors prennent la direction de Las Vegas avec la ferme intention de ne rien céder au poids des années et d’enterrer la vie de ce garçon (Qui a dit "vieux" ?) dans les règles de l’art. À leur arrivée sur le Strip, force est de constater que le divertissement de masses a pris le pas sur le temple du cool. Mais le Cirque du Soleil peut bien avoir délogé le Rat Pack, notre quatuor est plus que jamais résolu à faire revivre ses heures de gloire à celle qu’on appelle encore la ville de tous les vices.
Notre avis : Ces dernières années, Hollywood n’a eu de cesse de nous marteler de teen-movies, genre particulièrement en vogue depuis le succès d’Harry Potter et de Twilight. En parallèle, les films de « copains » bêtifiants type Adam Sandler and Co ou affreux sequels (avérés ou non) d’American Pie ont eux aussi su trouver leur public. Et puis il y a les « papy movie », ces films consistant à réunir un fabuleux casting d’acteurs vieillissants qui reprennent du service en se remémorant leur jeunesse passée. Si l’amusant Red, pétri d’auto-dérision et d’humour noir, voire le distrayant (à défaut d’être brillant) Bande de sauvages avaient les armes pour emballer le public, Last Vegas se contente d’accumuler les clichés et nous plonge rapidement dans une léthargie dont on a toutes les peines du monde à sortir. Après un démarrage poussif en forme de panorama pour présenter les différents protagonistes, on commence à se remémorer avec tristesse le sort infligé à De Niro, Keaton et Sarandon dans Un grand mariage, l’une des comédies les plus mainstream de l’année -avec lequel la comparaison est toute trouvée. Réalisé par Jon Turteltaub (connu pour avoir commis la saga des Benjamin Gates et L’Apprenti Sorcier), Last Vegas manque singulièrement de rythme et ressemble à un empilage de sketchs plus ou moins drôles servis par des acteurs qui ne semblent eux-mêmes pas réellement convaincus. Seule la sublime Mary Steenburgen (La Proposition, La Couleur des sentiments), quinqua sexy à la voix de velours devenue peu à peu amie avec notre petit groupe de fêtards pantouflards, apporte un peu de peps à l’ensemble. Loin des délires guignolesques de Very Bad Trip-qu’on appréciera ou pas- , les potos s’autorisent quelques petites incartades en buvant des verres et en rêvant bien innocemment devant les corps sculptés des jeunes femmes locales. Rien de vraiment bien méchant si ce n’est un coup de poing bien placé par l’ex-caïd De Niro devant l’insolence d’un jeune blanc-bec, histoire de dire qu’on ne déconne pas avec un type qui a joué tour à tour un boxeur et un gérant de casino...
- "Last Vegas" : Robert De Niro, Kevin Kline, Morgan Freeman
- © Universal Pictures Germany
Quant à l’intrigue, malmenée par une mise en scène mollassonne et dépourvue de toute inventivité, elle sent tellement le réchauffé que les vannes tombent presque systématiquement à plat et les quelques rares rebondissements ne ménagent aucune surprise. Et que dire des personnages, coquilles vides dont l’épaisseur et la capacité à transmettre une quelconque émotion sont réduites à leur plus simple expression. Sam nous livre l’habituel couplet sur l’importance de l’amour et de la fidélité conjugale (une scène toute droit sortie d’American Pie 5, c’est dire !), Archie doit mentir à son fils ultra-protecteur à la suite de son AVC tandis que les frères ennemis, Billy et Paddy, sont enfermés depuis l’adolescence dans une rivalité basée sur un inévitable triangle amoureux. Au lieu de se concentrer sur le plus important, soit faire rire le spectateur, le réalisateur se complaît dans les références au passé glorieux de sa brochette de stars et enferme le film dans un discours bien-pensant, accumulant les clichés sur la vieillesse et le sens du devoir. A force de vouloir à tout prix rendre ses personnages attachants en leur imposant une droiture morale peu crédible, Jon Turteltaub réussirait presque à nous désintéresser de leur sort. On sait d’ailleurs d’ores et déjà comment tout cela va finir (tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil... et tout le monde il est casé !), et on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine pitié alors que l’on contemple ces gloires du cinéma devenues l’ombre d’elles-mêmes. Reste ce mini-prologue plutôt savoureux-et même prometteur- en hommage aux films de gangsters des seventies, un genre dans lequel De Niro (Mean Streets, Les Affranchis...) trouva ses meilleurs rôles. On regrette donc un peu que Last Vegas, comédie pataude aux incohérences scénaristiques à la limite du vraisemblable, n’ait pas davantage jouer la carte du pastiche. Apparemment, tout ce qui se passe à Las Vegas ne reste pas à Las Vegas... et s’exporte même jusque sur nos écrans. Vous voila prévenus.
- "Last Vegas" : affiche française
- © Universal Pictures International France
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