Le 21 septembre 2023
Une comédie qui cherche l’équilibre entre sourire et larmes pour démontrer à tout prix que le deuil peut s’accompagner d’une renaissance.


- Réalisateur : Delphine Lehericey
- Acteurs : François Berléand, Sabine Timoteo, Kacey Mottet-Klein, Astrid Whettnall, Déborah Lukumuena, Jean-Benoît Ugeux, Maria Ribot
- Genre : Comédie
- Nationalité : Suisse, Belge
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 20 septembre 2023
- Festival : Festival de Locarno 2022, Festival franco film Italie 2022, Festival international Music et Cinéma Marseille 2023, Rencontres Sud Avignon 2023, Meyzieu - festival cinéma européen 2023, Festival Film Cabourg 2023, Festival Cinéma Français Aix les Bains 2023, Rencontres de Gérardmer 2023

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Résumé : Retraité contemplatif, Germain se retrouve soudainement veuf à soixante-quinze ans. Il n’a même pas le temps de souffler que sa famille s’immisce dans son quotidien : visites et appels incessants, repas organisés à l’avance… Sa vie devient réglée comme une montre suisse ! Mais Germain a l’esprit ailleurs. Honorant une promesse faite à son épouse, il est propulsé au cœur d’une création de danse contemporaine…
Critique : Après avoir scruté les bouleversements de l’adolescence, perdue en terroir rural, la réalisatrice suisse Delphine Lehericey pose un regard sensible sur les difficultés d’un retraité cultivé à reprendre le cours de sa vie après la mort brutale de sa femme. Elle tisse alors un récit convenu mais néanmoins non dépourvu d’atouts, à commencer par le déhanché inattendu d’un Berléand au mieux de sa forme et la vitalité communicative de la danseuse espagnole Maria Ribot, dite la Ribot.
- Copyright Epicentre Films
Germain (François Berléand) appartient à cette génération d’hommes peu enclins à partager les tâches du quotidien. Il se laisse bercer par la vie tandis que sa femme, bien plus dynamique, s’occupe de tout et parvient même à s’investir dans des activités bénévoles et artistiques. Ainsi, tout récemment, elle préparait un spectacle chorégraphique. Désormais seul, Germain comprend vite qu’il va devoir prendre en charge tout ce dont il ne s’est jamais soucié. Plus surprenant, il devra aussi poursuivre le projet artistique initié par sa femme puisqu’ils avaient toujours convenu que celui qui resterait aurait pour obligation de terminer l’action entamée par l’autre. Ses enfants, persuadés qu’il ne s’en sortira pas, l’entourent d’une surprotection liberticide, piétinant allègrement ses désirs et son besoin de tranquillité au nom d’un pseudo amour filial maladroitement entretenu par une galerie de personnages falots et sans nuances. Bien sûr, ils s’inscrivent fort à propos dans cet univers de bienveillance obligatoire qui irradie le récit et n’a pas son pareil pour sauter les obstacles et éviter habilement toute ombre de conflit. Le fossé qui sépare ce vieil homme solitaire et le monde ouvert de la danse se franchit sans la moindre anicroche. Son amitié immédiate avec l’un des plus jeunes membres de la troupe (Kacey Mottet-Klein) et le dévouement qu’il lui manifeste lénifient encore la situation là où quelques tensions ou difficultés auraient pu la doper. Mais Last Dance ! se veut léger et libérateur à l’image de la danse.
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Car finalement, face à la fatalité du vieillissement et du deuil, la création n’est-elle pas le meilleur remède ? C’est ce que pressent peu à peu notre Germain qui ne tarde pas à déployer bien des talents pour nous faire partager sa merveilleuse métamorphose. Replié sur son drame, solitaire et fatigué, il constate que les mouvements transmis par son corps l’aident à surpasser sa peur, sa tristesse et même à oublier sa solitude. Il se débarrasse du poids des ans qui lui courbaient le dos autant que l’âme et regarde l’avenir avec confiance. François Berléand est l’interprète idéal pour ce rôle. Son côté gentil bougon sied parfaitement à ce personnage qui flotte sans cesse entre désenchantement et tendresse. Ce corps qu’il promène avec nonchalance ne semble pas tout à fait taillé pour la danse. Ce sont pourtant les scènes de danse menées de main de maître par la généreuse et charismatique chorégraphe la Ribot qui font tout le sel de cette comédie finalement bien plus romantique que le postulat de base ne le laissait supposer. Si le but du cinéma est d’être essentiellement une boîte à rêves, alors Last Dance ! a pleinement rempli sa mission.