Le 21 février 2023
Last Dance est un documentaire sensible qui aborde avec une grande pudeur le chemin d’une drag queen américaine vers la construction d’une nouvelle identité. Enfin un film qui cerne la différence, non comme une revendication, mais comme un lien ténu entre la création artistique et l’existence.
- Réalisateur : Coline Abert
- Acteur : Vinsantos DeFonte
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 22 février 2023
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Résumé : À la Nouvelle Orléans, tout le monde connaît Vince, alias Lady Vinsantos, une drag queen emblématique qui y a fondé sa propre école. Pour Vince, le Drag est à la fois un art qu’on perfectionne au quotidien et un acte politique qui fait bouger les représentations. Seulement, après trente ans de carrière, Vince est las de ce personnage qui a pris le contrôle de sa vie. Il décide donc de dire adieu à Lady Vinsantos, non sans avoir réalisé son plus grand rêve : un dernier show à Paris.
Critique : Ça commence par un enchantement. Les chars défilent avec leurs éclaboussures de lumière, les robes et les coiffes monumentales comme le signe d’une féminité ultra sophistiquée, à la limite finalement du déguisement et du théâtre. Sauf que la norme comportementale attendue dans ce type de prestation, la lassitude de la mise en spectacle de soi peuvent gagner ces drag queens convaincues et les amener à réfléchir à l’impact sur leurs identités propres. C’est tout l’enjeu de ce documentaire, Last Dance où comme le titre l’indique, une célèbre drag queen de la Nouvelle Orléans décide de s’écouter, de prendre conscience de son évolution personnelle en s’engageant dans ce qui sera son dernier spectacle de danse.
- Copyright Condor Distribution
Last Dance emprunte le contraire exact du stéréotype ou du préjugé pour aborder la question des Drag aux États-Unis. En effet, la question est doublement abordée, d’abord du point de vue de Vince, qui, en dépit du fait qu’il ait créé une école de drag queen, renonce à cette existence du spectacle et de celui des élèves qui ont bénéficié de cette formation et s’épanouissent dans le travestissement. Le documentaire emprunte avec brio des chemins détournés pour parler d’un mode de vie qui n’a jamais rien de définitif dans une existence, s’est installé parfois pendant l’enfance ou au contraire s’est révélé à l’âge adulte. Coline Abert évite tous les poncifs de la grande folle. Elle regarde ces êtres dans ce qui fonde leur humanité au plus profond, et en même temps, dans la complexité de leurs identités volatiles et superficielles.
- Copyright Condor Distribution
En même temps, la réalisatrice n’idéalise surtout pas ce monde du strasse et de la nuit. Elle vient chercher des images anciennes où Vince se livre à la drogue ou s’insulte devant un miroir. Last Dance n’est pas un film militant qui ferait la promotion à tout-va de l’univers des drag queens. Pour autant, le métrage ne nie pas l’impact identitaire, affectif et même communautaire de ce mode de vie. Vince tente de s’en libérer après avoir tant appris de son personnage nocturne, à la limite de l’imagination. On mesure l’effort de créativité que les spectacles de travestissement impliquent, tout en touchant de près les enjeux politiques, idéologiques qui traversent la communauté LGBT comme le HIV ou l’exclusion, jusqu’à cette scène totalement stupéfiante où Vince se laisse filmer avaler des pilules incroyables, avant de prendre l’avion pour Paris.
Last Dance apparaît comme un film follement touchant dans l’univers du documentaire français. On y apprend beaucoup sur soi, sur les autres qui nous entourent, le monde du spectacle, et plus largement sur le droit à la différence, et notamment, pendant la dernière séquence qui est véritablement la meilleure, où l’on regarde les artistes préparer leur spectacle sous les auspices parisiens.
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