Le 13 septembre 2024
Deux familles, deux névroses, deux adolescentes qui se cherchent un chemin et sans doute trop de longueurs pour faire un film convaincant.
- Réalisateur : Claire Burger
- Acteurs : Chiara Mastroianni, Nina Hoss, Lilith Grasmug, Jakob Diehl, Jalal Altawil, Josefa Heinsius
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+, Teen movie
- Nationalité : Français, Allemand, Belge
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 11 septembre 2024
- Festival : Festival de Berlin 2024
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Résumé : Fanny a dix-sept ans et elle se cherche encore. Timide et sensible, elle peine à se faire des amis de son âge. Lorsqu’elle part en Allemagne pour un séjour linguistique, elle rencontre sa correspondante Lena, une adolescente qui rêve de s’engager politiquement. Fanny est troublée. Pour plaire à Lena, elle est prête à tout.
Critique : Cela commence par un échange assez courant entre deux jeunes filles. L’une est allemande, l’autre est française, et elles s’invitent tour à tour au domicile de l’une et l’autre. Sauf qu’apparemment cela ne matche pas vraiment entre elles, comme on se plaît à le dire aujourd’hui, jusqu’au moment où s’installe entre elles une relation entre amours d’adolescentes, admiration et fascination. Langue étrangère est le troisième film de Claire Burger qui peine cette fois encore à fabriquer un film de la trempe de son premier long, Party Girl (coréalisé avec Marie Amachoukeli, Samuel Theis), qui avait tant passionné la Croisette.
Langue étrangère s’affiche comme un film générationnel, censé décrire la jeunesse d’aujourd’hui. Les deux adolescentes traversent toutes les thématiques attachées à notre époque : la drogue, le harcèlement scolaire, la révolte écologiste et anticapitaliste, épelées au fur et à mesure du récit comme une liste à la Prévert. Les parents qui entourent les deux filles incarnent deux catégories sociales opposées, ils s’enlisent chacun à leur manière dans des problématiques affectives et psychologiques, que les jeunes filles tentent de canaliser. Le long-métrage égrène ainsi une sorte de tableau rébarbatif de tout ce qui compose la névrose de notre monde, depuis les jeunes générations jusqu’aux grands-parents qui ont connu l’époque avant la réunification allemande.
- Copyright Les Films de Pierre
La mise en scène et le scénario en font des tonnes dans cette représentation plutôt mélancolique du monde. Même la relation qui s’installe entre les deux jeunes paraît triste, malgré la musique tapageuse qui accompagne leur amitié amoureuse. On pressent pourtant la sincérité de la réalisatrice pour accompagner les deux adolescentes, mais le récit accumule de tels excès mélodramatiques qu’il devient très vite indigeste. Même les deux jeunes actrices ne parviennent pas à élever l’histoire. Elles incarnent des personnages très tièdes qui, en réalité, auraient tout intérêt à exploser le cadre et à tester les limites. Si leur union révèle la possibilité à la lutte des classes de s’estomper dans une idylle sensuelle et intellectuelle, elles se figent dans des stéréotypies narratives, induites par l’écriture.
En dépit de l’ambition de la réalisatrice, Langue étrangère se présente comme une histoire très académique qui a du mal à prendre de la hauteur. Les personnages qui entourent les deux jeunes filles semblent assez invisibles, là où ils constituaient une véritable opportunité pour accélérer le rythme et complexifier le récit. Hélas, ils se cantonnent à quelques figurations, assez consensuelles, qui ne permettent pas à la fiction de démarrer vraiment. À cette problématique s’ajoute un format beaucoup trop long, finalement peu en adéquation avec la fulgurance de la jeunesse contemporaine.
- Copyright Les Films de Pierre
On se sera beaucoup ennuyé dans ce troisième long-métrage de la réalisatrice et monteuse Claire Burger. Peut-être s’agit-il d’un film trop générationnel pour toucher les spectateurs de tout âge. Ou encore faut-il être parents d’adolescents pour comprendre les codes mis en scène dans le film. L’admiration des adolescentes pour les black block est en outre plutôt de mauvais goût, voire provocatrice, dans un contexte social où la radicalité tend à se développer.
Langue étrangère fait étrangement penser au film d’Abdellatif Kechiche La vie d’Adèle, sans la fièvre et la force du propos. Claire Burger se contente d’une histoire plutôt timide, où s’empile comme des poupées russes tout ce que la névrose moderne a de pire.
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