Le 25 juillet 2020
Un thriller noir et choc dont on regrette parfois un essoufflement de la narration et un rappel trop incisif de sa copie originale La Isla mínima.
- Réalisateur : Christian Alvart
- Acteurs : Nora von Waldstätten, Trystan Pütter, Felix Kramer, Ben Hartmann
- Genre : Thriller
- Nationalité : Allemand
- Distributeur : KMBO
- Durée : 2h09mn
- Date télé : 28 avril 2021 21:06
- Chaîne : Canal+
- Titre original : Freies Land
- Date de sortie : 22 juillet 2020
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Résumé : Dans une région reculée de l’Allemagne tout juste réunifiée, deux inspecteurs enquêtent sur la disparition inquiétante de deux adolescentes. L’un a des méthodes modernes d’investigation, tandis que l’autre n’hésite pas à user de pratiques moins orthodoxes. Leur recherche les met sur la piste d’une affaire de bien plus grande envergure. Au cœur d’un climat post-RDA sous tension, ils vont devoir mettre de côté leurs divergences pour faire avancer l’enquête.
Critique : La comparaison entre l’Espagne franquiste et l’Allemagne peut surprendre mais c’est le point de départ de l’inspiration de Christian Alvart, avec le grand film d’Alberto Rodriguez. Plus précisément, l’enjeu du long-métrage est de donner à voir, sans concession, au milieu d’une Allemagne de l’Est récemment réunie avec sa voisine de l’Ouest, des méthodes policières, pour le moins peu orthodoxes, qui rappellent les heures tragiques de la dictature communiste. L’ancien de la Stasi partage la voie avec un jeune policier, formé à des techniques d’investigation plus soucieuses du respect de l’intégrité des personnes. Deux figures s’opposent, au risque parfois de la caricature : l’un est bourru, alcoolique, malade de la prostate, alcoolique et seul ; l’autre est jeune, svelte, au point de voir sa femme accoucher de leur premier enfant. Ils enquêtent sur des disparitions sordides de jeunes filles dont on retrouve les corps mutilés, violés et sans vie.
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L’intérêt principal du film demeure la représentation sinistre du contexte de réunification allemande, que les médias nous ont montrés sous l’angle de la joie et de la réussite. En réalité, l’Allemagne tente à cette époque de régler le délitement de ses industries de charbon et d’acier qui lui ont valu, il y a longtemps, la réputation d’une Silicon Valley européenne. Les emplois s’effondrent, les grèves se succèdent chez les ouvriers souhaitant conserver leur travail, et la misère étouffe les peuples, avec son lot de prostitution, d’alcool et de violences. Cette vision de l’Allemagne constitue le cœur de ce récit policier, où derrière la sordidité des crimes, se dissimulent la torpeur de la pauvreté. Il y a de la part du cinéaste une exagération du trait sinistre des paysages, en écho au film de Rodriguez qui montrait ces grandes vues du ciel sur des marais sombres, semblables à des serpents. L’omerta règne parmi les habitants qui, au nom de leur survie, taisent les crimes qui les entourent.
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La mise en scène de Christian Alvart ne lésine pas sur les détails glauques. La photographie très sombre accentue l’effet nauséeux des situations, en choisissant des couleurs d’un gris épais. La brume hante les routes escarpées, les vaches s’arrêtent au milieu, les paysages peuvent se terminer brutalement par une falaise. On se demande comment les gens parviennent à vivre dans ces lieux laids, brutaux, envahis par la pollution. Des corbeaux rentrent dans les chambres d’hôtel et engagent la discussion avec leurs résidents. Bref, le film en fait trop dans les effets rebutants. On soupçonne presque une forme de complaisance du réalisateur à camper ses personnages dans le paroxysme de l’horreur, jusqu’aux crimes eux-mêmes : il y a une complaisante à décrire l’agonie des victimes.
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L’œuvre laisse pour le coup un peu sur sa faim. Là où La Isla mínima assommait le public dans les toutes dernières scènes, Christian Alvart fait presque le choix de la pudeur, à l’inverse même de la teneur lourde de tout le film. La résolution du crime, d’ailleurs, se fait presque oublier, ne constituant finalement pas le centre d’intérêt essentiel. Toutefois, il faut reconnaître un talent certain à perdre les spectateurs dans la brume et dans la pesanteur que vivent ces gens, assommés par la peur et la pauvreté.
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