La vie très privée de Monsieur Sim - la critique du film

Critique : L’on pourrait croire, à la lecture du titre et du casting du nouveau long-métrage de Michel Leclerc, que La vie très privée de Monsieur Sim n’est qu’un énième film populaire misant sur une tête d’affiche connue du grand public et un récit peu recherché pour attirer le plus de monde possible dans les salles. C’est tout l’inverse.

© Mars Distribution

François Sim (Jean-Pierre Bacri) a le parfait profil du type qui a tout raté dans sa vie : son mariage a pris l’eau, comme sa vie professionnelle, les amis ne se bousculent pas pour passer du temps avec lui, et même sa propre famille semble l’avoir oublié. Au chômage, reclus dans un modeste appartement de banlieue, l’anti-héros passe ainsi ses journées à espionner son ex-femme sur internet, jusqu’au jour où une entreprise spécialisée en hygiène bucco-dentaire lui propose de partir sur la Côte-d’Azur pour promouvoir les bienfaits d’une brosse à dents écologique (en bois de noisetier et poils de sanglier, s’il vous plaît !). Lancé à bord d’une superbe Peugeot 3000 noire, ce voyage inattendu est l’occasion, pour François, de regarder longuement dans le rétroviseur de sa vie… et de la nôtre.

© Mars Distribution

Le réalisateur du Nom des gens se réapproprie intelligemment les codes du road-movie pour mieux disséquer la vie sociale manquée de son protagoniste. Observer le passé pour questionner le présent et le futur, s’interroger le sens de notre existence et notre utilité au monde, autant de questions que nombre d’entre nous se sont déjà posées. François Sim petit français moyen et naïf, est persuadé qu’il ne sert plus à rien. Et pourtant, de rencontres en retrouvailles, de galères en aventures, son parcours initiatique va peu à peu lui faire relever la tête et l’aider à reprendre son destin en main. De ce fait, La vie très privée de Monsieur Sim est un film étonnamment proche de son spectateur, pour notre plus grand plaisir.

© Mars Distribution

Une heure quarante durant, l’énergie est constante et l’ennui absent. Le scénario, très bien écrit, privilégie les conflits entre les personnages. Assaisonnés de dialogues savoureux, ce sont eux qui donnent au film sa dynamique et son rythme soutenu. Mais ils réveillent également en Monsieur Sim des conflits psychiques jusqu’ici profondément endormis. Seul dans sa voiture, le personnage principal, qui n’a pour compagne que la voix féminine de son GPS, prend le temps de poser les yeux sur sa propre personne, regarde le monde autour de lui, retourne sur les traces de son adolescence, de ses premières amours, de secrets de famille enfouis depuis des années. C’est là qu’il prend conscience que sa vie n’est peut-être pas complètement ratée, qu’il peut encore tout changer. Le film, en ce sens, délivre un formidable message d’optimisme, à la fois moral et profondément humaniste : se pardonner soi-même, se réconcilier avec son passé, constituent la meilleure thérapie pour retrouver foi en l’avenir.
Fourmillant d’idées et de fraîcheur, La vie très privée de Monsieur Sim est une exploration ludique de la psychologie sociale, de notre rapport à nous-mêmes et aux autres. Une belle leçon de vie et d’humanité.