Cavale bancale.
Le 30 août 2019
Malgré un point de départ à fort potentiel, l’histoire de ce djihadiste (ou pas…) souffre d’une construction bancale, rendant les rebondissements bien peu crédibles, et se solde par un résultat en demi-teinte.
- Réalisateur : Alejandro Bazzano
- Acteurs : Oscar Sanchez Zafra, César Mateo, María de Nati, Verónika Moral, Marcial Álvarez, Iñaki Ardanaz
- Nationalité : Espagnol
- Durée : 8 épisodes de 51 à 55 minutes.
- VOD : NETFLIX
- Reprise: 16 août 2019
- Scénariste : Sara Antuña
- Genre : Thriller
- Titre original : La víctima número 8
- Date de sortie : 10 octobre 2018
- Plus d'informations : La victime numéro 8
L'a vu
Veut la voir
Résumé : La confiance est rompue après un attentat à Bilbao qui tue sept individus et détruit la vie du djihadiste présumé et de son entourage.
Notre avis : N’avez-vous pas remarqué un « tic » dans les séries, depuis que les drones sont monnaie courante en production ? L’usage récurrent de plans, parfois avec fondus enchaînés, s’étalant sur quatre ou cinq secondes de vues aériennes, de jour ou de nuit, de villes ou campagnes. Ces plans, dits de coupe, servent à marquer une ellipse ou un changement de lieu. Au risque de passer pour de vieux c…, du temps d’un bon Columbo, ce truc de montage était réglé en à peine une seconde via un plan fixe, avec éventuellement un léger zoom, de l’extérieur de l’immeuble des bureaux ou de la villa du riche meurtrier, prenant Columbo pour un sombre abruti avant que ce dernier ne le confonde par ce tout petit détail qui le tracassait et, justement, en en parlant avec sa femme, puis aussi avec le vétérinaire de son chien, il s’est dit, attendez, il fouille dans la poche de son imperméable, ça doit être là, non, heu… pardon, nous nous dispersons.
Bref, ces plans, quand on commence à trop les remarquer ou les compter, ce n’est pas bon signe. Dans certaines séries au-delà de leur fonction syntaxique, ils apportent un complément de sens ou de la « respiration », comme ceux au dessus des favelas de Sintonia, pour citer cet exemple récent, une série brésilienne que nous avons critiquée, il y a quinze jours. En revanche, dans La victime numéro 8, ils finissent par devenir un peu trop présents. Pourtant, cette nouvelle série espagnole diffusée par Netflix est ni mauvaise, ni bonne. Et du coup, « pénible » à chroniquer. Aaah, la dure vie du critique, mais aussi celle du spectateur qui, à la fin du dernier épisode, éprouve une étrange sensation, semblable à celle qu’on éprouve en se levant de table, lorsqu’on ne sait plus ce qu’on a mangé et si on est rassasié. Alors, ce restaurant ? Bah…
- Copyright Netflix / ETB 2 Telemadrid
Reprenons. Que dit le menu ? Bilbao. Edurne, jeune infirmière, et Omar, son petit copain, se quittent après avoir passé la soirée ensemble. Le lendemain, c’est l’horreur : une camionnette bélier fonce dans une rue et sur la terrasse d’un café, tue sept personnes et en blesse de nombreuses. Via les vidéosurveillances, l’enquête remonte très vite à Omar qu’on voit s’enfuir du véhicule. Un infernal engrenage se met alors en route, puisqu’il y a autant d’indices et de preuves qui l’accusent ou l’innocentent. Comme Omar est musulman, il gagne le statut de terroriste cinglé de Daesh en cavale, avec passage en boucle sur toutes les chaînes de télévision. Et pour achever le tableau, le bilan de l’attentat grimpe - hélas - à huit, la nouvelle victime étant… On n’en dira pas plus.
Les premiers plats, pardon, épisodes sont plutôt bien préparés. Comme on dirait à Top Chef, le visuel est bon et c’est assez « gourmand-croquant ». L’écriture est rythmée, le puzzle se met bien en place, avec une galerie de personnages dont on se doute bien qu’ils vont finir par êtres interconnectés, à un moment ou un autre, malgré les apparences, rebondissements et cliffhangers. On se surprend même, quelques brefs instants, à penser à la première saison de Homeland, avec les ambiguïtés qui s’infiltrent à l’encontre de ce Omar. Puis, le plaisir initial de la dégustation s’amenuise sérieusement à mi-chemin. Dans la cuisine des scénaristes, le chef a manifestement dû s’absenter, si bien que certains rebondissements sont tellement épicés, pardon, énormes, qu’on n’y croit pas une seconde. Mais comme le visuel et le dressage des assiettes, pardon, épisodes, sont encore corrects, en espérant un éventuel retour du chef, on reste quand même à table, même si on se tortille un peu sur la chaise. Mais, ouf, le chef revient et nous dévoile les recettes des rebondissements qu’on trouvait un peu grossiers. Enfin presque, parce sans les fameux plans aériens qui servent de mignardises pour nous caler, on serait à deux doigts de partir sans payer.
- Copyright Netflix / ETB 2 Telemadrid
Produite et diffusée initialement par Telemadrid et ETB2 en octobre 2018, La víctima número 8 entre dans la catégorie de ces séries « propres » : le casting est globalement honnête, tout comme la réalisation, sans grande originalité, les personnages sont correctement développés, sans plus, et la production met des moyens respectables. Nous n’avons rien contre certaines séries policières de France Télévisions, par exemple, mais disons qu’on est plus dans ce type de calibre, et moins dans les critères de séries originales Netflix, qu’elles soient anglo-saxonnes, ou pas d’ailleurs, avec des écritures plus rigoureuses et des réalisations qui essaient de sortir des conventions.
Si on mange les huit épisodes de cette Victime numéro 8 avec appétit, ce n’est pas avec une franche gourmandise. Comme la ligne de la rédaction est de ne rien spoiler, nous conclurons simplement en disant que si cette série peut très bien en rester là, elle s’achève en laissant une porte entrouverte à un éventuel autre opus. Si tel est le cas, et que Netflix et/ou Telemadrid et ETB2 se lancent dans cette entreprise, les scénaristes auront un sacré challenge à relever, et qui sait, peut-être livreront-ils une suite beaucoup plus tordue et profonde ?
PS : pas de bande annonce, tout du moins en VO sous titrée (sauf bien entendu si vous avez un compte Netflix), et celle disponible en espagnol sur YouTube en montre trop. Enfin, c’est vous qui voyez…
- Copyright Netflix / ETB 2 Telemadrid
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.