Le 13 octobre 2021


- Date de sortie : 7 octobre 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Malgré la délicatesse des mots de l’auteure, ce roman reste en surface, laisse le lecteur au-dehors, loin du cœur pourtant tendre de l’œuvre.
Résumé : Issue d’une lignée de sages-femmes, Dýja est à son tour « mère de la lumière ». Ses parents dirigent des pompes funèbres, sa sœur est météorologue : naître, mourir, et au milieu quelques tempêtes. Alors qu’un ouragan menace, Dýja aide à mettre au monde son 1922e bébé. Elle apprivoise l’appartement hérité de sa grand-tante, avec ses meubles vintage, ses ampoules qui clignotent et un carton à bananes rempli de manuscrits. Car tante Fífa a poursuivi l’œuvre de l’arrière-grand-mère, insérant les récits de ces femmes qui parcouraient la lande dans le blizzard à ses propres réflexions aussi fantasques que visionnaires sur la planète, la vie – et la lumière.
Critique : En islandais, les sage-femmes sont littéralement "les mères de la lumière". Alors Fífa, la grand-tante de la narratrice, a souhaité être digne de ce titre et a tâché d’accoucher de la vérité sur la lumière. Les bribes de ses écrits sont souvent philosophiques, zoologiques, poétiques, historiques, savantes et, parfois, lumineuses – mais Dýja, sa petite-nièce, est la première à reconnaître leur côté obscur et, avouons-le, abscons. Toutes deux ont partagé la même vocation, le même appartement, le même prénom, malgré les différents surnoms qui leur ont été donnés. Désormais, Fífa n’est plus. La narratrice peut seule accoucher de cette clarté que son aïeule voulait mettre en avant, de ces vérités qu’elle voulait pointer du doigt.
Toute sa vie, elle a assisté à l’épreuve la plus violente qu’endureront les hommes que deviendront ces bébés : la naissance. Forte de cette expérience d’artisane, elle a voulu utiliser ces mêmes mains qui ont donné la vie pour assembler des éclats d’histoires individuelles, des amorces de réflexion, des critiques de l’espèce humaine, des remarques sur les coïncidences. Ses seules certitudes. Aujourd’hui, elle en aurait encore moins. En effet, dans le monde où vit Dýja, les tempêtes et les éléments se déchaînent, les météorologues sont perdus et pourtant, les nouveau-nés continuent à vagir dans la maternité.
Dans ce roman d’Auður Ava Ólafsdóttir, des personnages s’effleurent sans se toucher vraiment, puis se tournent le dos, existences éphémères et contact tout aussi évanescent. Malgré la tendresse qui se dégage de La vérité sur la lumière, les chapitres brefs, éclats de la vie de l’héroïne, ne parviennent à lui donner une véritable consistance. Les aubes et les crépuscules embrasent le ciel bientôt d’obsidienne, les mots permettent aux générations passées et aux générations futures d’échanger malgré le fossé creusé par les années, mais tout reste superficiel, si délicat et immatériel qu’il ne demeure qu’une idée vague, jamais concrétisée, décousue et à peine caressée. À jamais.
14 × 21 cm
224 pages - 19,50 €