La veillée - la critique du film

Copyright Dublin Films - Cinéma Saint-André des Arts

Notre avis : Tous les adultes qui se pressent au chalet soldent le compte d’une certaine existence, tandis que le cadavre condense, par sa présence muette, le passé des souvenirs et l’avenir de tout un chacun. Si le mystère de la mort ne motive pas un afflux de questions, la curiosité des enfants s’incarne forcément dans des allées et venues qui leur permettent de tourner autour de l’insondable défunt, à qui on lira un bulletin trimestriel, des fois que l’âme se serait finalement échappée et qu’elle aurait des oreilles. Et puis, ces mêmes enfants finiront par jouer dehors, parce que la vie leur appartient, dans le mouvement ininterrompu de leurs occupations. Pendant ce temps, à l’intérieur du chalet, on s’affaire à préparer le repas, les conversations se juxtaposent, les corps se lèvent, s’assoient, ricochent, s’entreprennent avec la douceur qui les console. On ne sait pas combien ils sont, mais on croirait la préparation d’un réveillon. La caméra saisit, avec une constante énergie, ce ruissellement d’existences, jusqu’au repas où le deuil ne s’invite que mezzo voce.

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Le murmure d’une convive parle de la veuve, qu’on jugerait volontiers digne, si ce cliché pour faire-part ne donnait pas envie de se précipiter ailleurs, où elle-même envisage de se rendre, elle ne sait pas où. Elle vendra de toute façon la propriété familiale, parce que, dans ces montagnes qui l’ont lassée, elle était femme de marin. Son destin fut celle de sa génération, statique et fidèle, une armée de Pénélope, qui, enfin, méritent de vivre leur propre existence.
La génération d’après, c’est celle des filles, qui n’ont pas d’hommes à qui jurer une éternelle allégeance : dans le clapotis d’un bain, des flûtes de vin qu’irisent des couleurs chaudes scellent les retrouvailles de deux sœurs. L’aînée bovaryse, la cadette la réconforte. Les deux corps fusionnent dans une douce étreinte.
De ce film délicat, on retient les envolées d’une clarinette qui accompagne la procession des endeuillés, discrètement découpée par le cadre d’une fenêtre. Chacun s’achemine vers le hors-champ d’une vie à accomplir, tout en suivant paisiblement les traces du défunt.