Le 16 janvier 2024
Direct, sans concession, La tête froide oscille entre le récit social, d’une franche actualité, et le thriller. Une œuvre quasi militante dans la lignée des documentaires de son auteur, Stéphane Marchetti.
- Réalisateur : Stéphane Marchetti
- Acteurs : Aurélia Petit, Florence Loiret-Caille, Jonathan Couzinié, Marie Narbonne, Saabo Balde, Souleymane Toure, Philippe Frécon
- Genre : Drame, Thriller, Drame social
- Nationalité : Français
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 17 janvier 2024
- Festival : Festival d’Angoulême 2023
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Résumé : Dans les Alpes enneigées, en plein hiver. Pour boucler ses fins de mois, Marie, quarante-cinq ans, trafique des cartouches de cigarettes entre la France et l’Italie avec l’aide de son amant Alex, policier aux frontières. Lorsqu’elle rencontre Souleymane, jeune réfugié, prêt à tout pour rejoindre sa petite sœur, elle s’embarque dans un engrenage bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé.
Critique : Marie galère dans son bungalow occupé à l’année, comme un certain nombre de personnes précaires, ce qui la pousse à compléter son boulot de serveuse de nuit avec le trafic de cigarettes entre la frontière italienne et française. Jusqu’au jour où elle croise, sur sa route de contrebandière, un jeune homme et une femme enceinte, d’origine africaine, qui l’amèneront à passer de la revente de cigarettes illégales à la fonction de passeuse de migrants. La tête froide est la première œuvre de fiction de Stéphane Marchetti. Le cinéaste a réalisé de nombreux documentaires, qui l’ont amené à appréhender des questions sociales complexes et d’actualité comme la bande de Gaza ou les migrants de Calais. Il a le regard aiguisé, averti, sur ces sujets qui abondent les journaux télévisés mais réduisent souvent les victimes à des stéréotypes figés. En l’occurrence, en choisissant la fiction comme support, les personnages se drapent d’une humanité dont les témoignages deviennent vivants.
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En réalité, la force du long-métrage émane de la comédienne principale, Florence Loiret-Caille, que le spectateur a plus l’habitude de croiser sur des films d’auteur. Elle s’engage dans ce récit brut, direct, où son corps, sa voix sont mis à l’épreuve du froid des montagnes italo-françaises. Son jeu trahit immédiatement la réalité de ces femmes et ces hommes qui arrivent des mers par l’Italie et doivent contrer un nouveau péril, celui de traverser la frontière française pour rejoindre Calais. Il y a évidemment le témoignage de ces personnes qui n’ont pas d’autres ambitions que de sortir de la pauvreté et de la guerre, mais aussi tout le système souterrain et illégal sans lequel aucun passage ne serait possible. En ce sens, Stéphane Marchetti complexifie le propos. Il met à travers son personnage féminin le doigt sur l’ambivalence des passeurs qui recherchent à la fois l’argent facile mais peuvent être aussi mus par des ressorts humanistes et empathiques. La protagoniste de La tête froide incarne magnifiquement cette double contradiction, entre la nécessité d’échapper à sa propre misère et son désir grandissant d’offrir des perspectives à ces migrants venus d’Italie.
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La photographie souvent sombre prend une place particulière dans le récit. Le froid, la neige, l’austérité des villages tranchent avec la vision luxuriante des sports d’hiver. Le film raconte ainsi la part cachée de ces espaces hivernaux où la précarité côtoie dos à dos la joie des vacanciers. C’est la raison pour laquelle le réalisateur ne juge jamais son héroïne. Comme sa fille qui s’apprête à arrêter ses études universitaires, elle a gâché son existence dans des amours sans suite, et s’est enfoncée dans les dettes et la pauvreté. L’opportunité qui s’offre à elle de faire passer la frontière contre de l’argent des migrants la drape d’une humanité nouvelle. Elle s’égare dans une activité qui la dépassent, tout en retrouvant une forme d’estime personnelle. Maintenant, Stéphane Marchetti a fait le choix d’une mise en scène directe, rapide. On aurait peut-être aimé en savoir plus sur Chloé, la fille de Marie, ou ce policier, amant, qui l’aide dans son trafic de cigarettes. La fiction va sans doute trop vite pour permettre aux spectateurs d’appréhender plus profondément la complexité des personnages.
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La tête froide demeure un film honnête, engagé, qui fait la part belle à un personnage féminin, symbole d’émancipation, de courage et d’humanité. C’est surtout une œuvre où Florence Loiret-Caille fait la démonstration, s’il était utile de le rappeler, de son incroyable talent.
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