Le 12 avril 2017
Singh signe un film à l’esthétisme soigné, mais dont le rythme très lent peut susciter l’ennui.
- Réalisateur : Gurvinder Singh
- Acteurs : Suvinder Pal Vicky, Rajbir Kaur
- Genre : Drame
- Nationalité : Indien, Français
- Editeur vidéo : Épicentre Films Éditions
- Durée : 1h55mn
- Titre original : ChauthI Koot
- Date de sortie : 8 juin 2016
- Festival : Festival de Cannes 2015
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– Sortie DVD : le 7 mars 2017
Résumé : 1984, Pendjab, Inde : c’est l’acmé du mouvement militant séparatiste Sikh. Deux amis Hindous tentent à tout prix d’atteindre Amritsar. Désespérés, ils montent de force dans un train vide en direction de la ville. Sur le chemin, l’un d’eux se remémore une nuit terrible : un soir où il avait perdu son chemin en se rendant au village de sa femme, il rencontra une famille Sikh qui l’aida à retrouver sa route.
Notre avis : La quatrième voie est d’abord un film d’atmosphère : la menace est omniprésente et prend les formes les plus diverses (gestes, paroles, bruits) mais c’est surtout dans le temps dilaté qu’elle s’exprime, beaucoup plus que par d’épisodiques violences. Chaque séquence est étirée, quelquefois de manière compréhensible (l’arrivée au loin d’un véhicule, source de danger), quelquefois à la limite de l’opacité, bien que les titres des journaux ou les informations radiophoniques apparaissent çà et là. C’est que les enjeux échapperont en grande partie à qui n’est pas familier de la situation du Pendjab dans les années 80, c’est à dire sans doute à une majorité de gens. Le film, très statique, donne l’impression de faire du surplace malgré quelques événements plus explicites ; c’est donc dans ce statisme même qu’il faut rechercher ce qui en fait le sel. Ainsi des plans sur la nature, les champs, les roseaux balayés par le vent, le ciel noir, la poussière qui s’envole, autant de magnifiques cadrages qui ralentissent la narration mais lui donnent une ampleur évidente. Si les dialogues semblent parfois interminables (notamment les nombreuses plaintes), ces images d’une beauté plastique indéniable, sans faire retomber la tension, sont autant de stases contemplatives fonctionnant comme des respirations.
- Copyright Epicentre Films
De fait, c’est la recherche esthétique qui peut intéresser le spectateur puisque les cadrages très travaillés composent une ode au Pendjab dans sa simplicité même. Non seulement la nature, mais les multiples détails du quotidien (presque de l’ethnologie pour nous) mettent en valeur un monde austère et inquiet. Le réalisateur y chante la beauté quasi abstraite d’une région qu’il connaît bien. On est loin cependant de la carte postale ou du prospectus touristique : l’angoisse qui sourd de cette beauté ne prend pas de pause, et les passages très colorés sont aussi les plus menaçants.
Si l’ensemble respire la maîtrise, si on peut être fasciné par cette vision épurée, reste que l’ennui n’est jamais loin : pour ne prendre qu’un exemple, les multiples atermoiements autour de la mort du chien côtoient le pénible et il faudra beaucoup de patience au spectateur le mieux intentionné pour ne pas décrocher ou s’agacer. C’est sans doute le but du cinéaste que de distendre chaque idée jusqu’aux limites du supportable, mais on a du mal à adhérer à pareille radicalité.
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Les suppléments :
Dix minutes d’entretien avec le réalisateur renseignent efficacement sur ses intentions ; il y donne des pistes pour comprendre le film et le Pendjab. Le reste (galerie photos et bande-annonce) est plus anecdotique.
L’image :
Tout en nuances : les scènes nocturnes comme les plans de nature sont magnifiques, ce qui était nécessaire pour un film aussi nourri d’esthétisme.
Le son :
Deux pistes sont proposées : 5.1 ou stéréo DD, les deux en VO. Elles respectent aussi bien les ambiances (rue, foule, trains, champs) que les dialogues limpides.
Galerie Photos
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