La pornographie

Une adaptation frustrante.

L’argument : Quittant Varsovie occupée en 1943, deux intellectuels se réfugient dans le manoir d’un ami situé en pleine campagne. La fille de la maison, Henia, est promise à un avocat de la ville voisine. Mais dans la propriété vit également un camarade d’enfance de Henia, Karol, qui travaille à la ferme. Frederic et Witold décident de rompre le mariage arrangé et de réunir les deux jeunes gens.

Notre avis : A l’origine, un projet très ambitieux : adapter La pornographie, roman éponyme de l’écrivain polonais Witold Gombrowicz. Ambition louable qui relève toutefois de la gageure... Qui s’y frotte s’y pique : la complexité du livre originel est telle que le réalisateur (polonais) ainsi que les scénaristes (français) ne font qu’en capter l’essence mais négligent pratiquement tout le reste. Conséquences inévitables : l’intérêt s’effiloche et l’ensemble fonctionne de guingois.
A force de ne rien privilégier et de jouer la carte de l’exhaustivité, le film finit par rester à la surface. En revanche, le cinéaste réussit à retranscrire un certain climat sensuel ; ce qui assure au film une étrangeté qui donne envie de creuser en profondeur. Bref, impression mi-figue mi-raisin : il règne dans ce film un chaos nébuleux, souvent poussiéreux, dont l’académisme suintant est contredit par d’authentiques qualités formelles. Des qualités qui fonctionnent toutefois à double tranchant puisque ces volutes esthétisantes trahissent incidemment un démoniaque surmoi tarkovskien. C’est ce qui s’appelle ne pas avoir de chance.