La péniche du bonheur - la critique du film

Notre avis : Prototype de la comédie américaine des années 50, le film met en scène Cary Grant en veuf plutôt débordé par ses trois enfants, dont il gère l’éducation, après les avoir délaissés durant quelques années. Face à lui, dans le faste de sa période hollywoodienne, Sophia Loren incarne une brune pulpeuse, globalement réduite au cliché de l’Italienne séductrice. La comédienne vient de tourner L’Orchidée noire, lequel lui vaudra le prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise. Elle entame alors une série de collaborations avec les plus grands artistes américains de leur temps (John Wayne, George Cukor, Sidney Lumet, Frank Sinatra, Marlon Brando). Ici, elle est Gina, une jeune femme qui affole les spectateurs sur une piste de danse, mais sait aussi prendre soin d’un jeune enfant polisson, accroché à son harmonica, pour le conduire auprès de son père.
Cette comédie, sans autre intérêt que la rencontre entre deux "monstres sacrés", n’évite aucune des conventions propres au genre : les deux protagonistes esquissent un pas de deux, entre défiance et attraction, la jeune femme s’imposant dans la structure familiale à la grande joie des enfants, recueillant, à l’occasion, les confidences d’un père accablé par la culpabilité. Elle s’imposera petit à petit comme la belle-mère idéale.
Aussi légère que la chanson "Bing ! Bang ! Bong !" entonnée par Loren dans la décapotable, cette comédie manque complètement d’originalité, les gags sont beaucoup moins nombreux que les moments de fadeur, où s’exhibent les signes tangibles d’une reconstruction familiale. La fin confirmera la tendance, de manière totalement convenue, sous l’égide d’une société patriarcale.