Le 27 octobre 2017
Un film noir atypique, qui joue sur l’attente et la tension. À découvrir.


- Réalisateurs : Hubert Cornfield - Richard Boone
- Acteurs : Marlon Brando, Richard Boone, Pamela Franklin
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action
- Nationalité : Américain, Britannique
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 1h33mn
- Box-office : 174.336 entrées France
- Titre original : The Night of the Following Day
- Date de sortie : 9 avril 1969

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– Sortie du coffret Blu-ray/DVD : le 25 octobre 2017
Résumé : Monsieur Dupont, riche homme d’affaire, part à la recherche de sa fille qui s’est fait enlever en voiture par trois individus dès son arrivée à l’aéroport. Il se lance alors à la poursuite des ravisseurs qui exigent une rançon en échange de la victime. Entre chantage et mensonges, les choses tournent mal et entraînent le père tourmenté dans une course contre la montre explosive sur la Côte d’Opale.
Notre avis : Hubert Cornfield a tourné quelques films qui ont connu peu de succès et, après La nuit du lendemain, ne dirigera qu’une œuvrette en France, avant de se tourner vers la télévision. À la vision de ce policier singulier, on peut le regretter. Ce n’est pas tant par le sujet qu’il séduit, cette histoire d’enlèvement et de demande de rançon n’étant pas d’une originalité folle, mais par son traitement atypique et, il faut bien le dire, une interprétation brillante de retenue et de menace.
Le métrage privilégie largement un point de vue, celui des ravisseurs dont on ne saura quasiment rien : pas de psychologie facile, ni d’explications, rien que du brut sinon du brutal. Dès le début, avec la fille dans l’avion et le reflet du hublot, Cornfield installe un rythme lent et mutique, en même temps qu’il annonce des motifs comme le silence, les dialogues inaudibles et l’apathie. De fait, on trouvera peu d’actions, ou de réel suspense : une bagarre quasi hors champ, une tentative d’évasion, et un final plus musclé. Mais l’essentiel est ailleurs : dans les détails d’abord, qui peuplent le film avec une abondance inattendue (des fourmis au
magazine érotique), et l’ancrent dans une réalité tangible. Réalité appuyée par des décors naturels, ciels noirs et pluie torrentielles compris. La mer y prend toute sa place, aussi bien visuelle que par d’incessants rappels auditifs. C’est d’ailleurs l’une des forces de La nuit du lendemain que de jouer sur des bruitages excessifs, voire impossibles, comme la minuterie qu’on entend dans le bar. Une densité du son efficace, à quoi répond un goût du gros plan qui cerne des caractères forts, de l’impavide Brando au magnifique et inquiétant Richard Boone. En retardant l’irruption de la violence, en cadrant des visages ou de menus détails, Cornfield dilate le temps et fait de son film un monument d’attente. Chaque signe y est à la fois une promesse et une semi-déception, puisqu’il faut patienter jusqu’aux dernières séquences pour qu’éclate l’affrontement, brutal et sec, désespéré. Au fond le cinéaste ne filme que des perdants, et ce dès le départ car, entre drogue et méfiance, rien ne pouvait fonctionner ; c’est presque un motif que cette prémonition d’échec qui parsème les dialogues.
Si le métrage est un peu long, son réalisateur fait preuve d’un solide métier (voir les plans de fusillade sur la plage) qui rend nombre de séquences passionnantes. D’autant que le retournement final, inattendu, donne une tonalité plus sombre encore à ce policier torturé et très sobre.
Les suppléments :
Jean-Pierre Dionnet intervient deux fois sur le Blu-ray : il raconte d’abord à sa manière Brando (Marlon Brando, l’homme divisé, 15mn), c’est à dire en évoquant non seulement la carrière et l’art de l’acteur, mais aussi sa relation amicale, dans un monologue touchant et personnel ; il analyse ensuite le film (cinéaste, acteurs, décors) avec sa sensibilité et son savoir encyclopédique (8mn). Sur la galette figurent également bandes-annonces et galerie photos.
L’image :
La restauration a vivifié les couleurs et gommé tout défaut : l’image est donc propre et, si les fourmillements trahissent son âge, le film bénéficie bien d’une cure de jouvence bienvenue. Quelques plans d’ensemble plus flous.
Le son :
Il ne faut pas s’attendre à la précision des canons actuels, mais les bruitages sont secs, la musique suave et les dialogues nets. Le Blu-ray propose deux versions, VO et VF (Dolby Digital 2.0 Mono) , d’une richesse comparable, même si les cinéphiles préfèreront la première.