La Nuée - Just Philippot - critique

Critique : Ce premier long métrage de Just Philippot constitue une première tentative intéressante, même si elle se situe au carrefour d’influences qui en font parfois un exercice de style, le scénario semblant hésiter entre plusieurs directions. On y retrouve la dimension organique propre aux œuvres de David Cronenberg, visible dans des gros plans de chairs endolories, une alliance du fantastique et du motif animalier qui, depuis Les Oiseaux d’Hitchcock, s’avère toujours allégorique, ainsi qu’un vieux compagnonnage entre la dimension sociale d’un film d’épouvante et son substrat horrifique. A cela s’ajoutent des enjeux écologiques décidément actuels, que documente le cinéma hexagonal. On se souvient en particulier du très bon drame de Sébastien Marnier L’heure de la sortie. Cette intertextualité infuse dans une histoire qui, sans être originale, dit beaucoup de notre époque : une mère confrontée à des difficultés économiques, élève ses enfants seule, tout en s’occupant de son exploitation agricole qu’elle a initiée comme un défi, ainsi que d’un élevage de sauterelles. Hélas, la jeune femme n’arrive à pas écouler la farine animale qu’elle extrait à partir de cet élevage et dont l’humanité devra pourtant bien se satisfaire, lorsque produire de la viande sera devenu un luxe.
Le vent, d’abord annonciateur de mauvaises nouvelles, profile une tempête qui ne manquera pas d’éclater. Dans l’intervalle, l’héroïne noue un pacte de plus en plus étrange avec les orthoptères, à qui elle offre d’abord involontairement son corps ensanglanté, suite à une chute. Puis, sciemment, comme attirée par cette serre devenue matrice, dôme de lumière aux couleurs inquiétantes, elle finit par tendre le bras sur lequel se jettent les insectes, dans un hors champ évocateur.
Si le long métrage s’encombre de certaines scènes, il parvient à distiller une angoisse qu’alimentent les stridulations des animaux, qui représentent une menace constante prête à bondir. La nuée correspond exactement à ce qu’on appelle un drame fantastique, avec un final impressionnant.