Le 17 mars 2024
Souvent inégal, à la limite parfois de la mièvrerie, La Nouvelle femme rend hommage à la grande Maria Montessori dont le nom illustre continue d’orienter le projet pédagogique de nombreux établissements scolaires. Une réussite en demi-teinte.
- Réalisateur : Léa Todorov
- Acteurs : Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Agathe Bonitzer, Sébastien Pouderoux, Rafaëlle Sonneville-Caby, Raffaele Esposito
- Genre : Biopic, Historique, Drame historique
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 13 mars 2024
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Résumé : En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, a un secret honteux : sa fille Tina, née avec un handicap. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients ». Mais Maria cache elle aussi un secret : un enfant né hors mariage. Ensemble, les deux femmes vont s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes et écrire l’Histoire.
Critique : Tout le monde connaît les modalités pédagogiques de la méthode Montessori, orientées vers l’intuition maternelle et la profonde croyance en la capacité d’évolution de chaque enfant, dès lors que l’environnement s’y prête. C’est toute l’ambition de Léa Todorov que de rentre hommage à cette grande femme médecin à travers la rencontre entre elle et une riche courtisane qui a abandonné quelques années auparavant sa petite fille déficiente intellectuelle. La Nouvelle femme raconte donc, comme le titre l’indique, la transformation de cette mère dans le rejet du handicap de son enfant et de cette pédagogue qui œuvrait bénévolement aux côtés de son compagnon, reconnu et payé par l’État dans l’institut qu’il dirige. De manière moins frontale, le récit témoigne aussi de la transformation des enfants, pourtant relégués à la débilité totale, qui parviennent peu à peu à acquérir des connaissances et des aptitudes physiques et intellectuelles.
En dépit des apparences, La Nouvelle femme n’est ni un biopic, ni une biographie très documentée. La réalisatrice opte pour une approche très romanesque du destin conjoint de Maria Montessori et de Lili d’Alengy. Cette dernière pourrait ressembler aux influenceuses d’aujourd’hui, moins intellectuelles qu’opportunistes et intuitives. Maria Montessori, elle, apparaît, comme une femme complexe, très engagée, très brillante, qui cache pourtant un enfant né hors mariage chez une nourrice. Elles incarnent un projet féministe chacune à leur manière, l’une dans le déni de maternité, et l’autre dans le combat qu’elle a mené pour la reconnaissance de la scientificité de son propos. Curieusement, encore aujourd’hui, les écoles Montessori peinent à recueillir l’adhésion pleine et entière des autorités gouvernementales, les reléguant à des expérimentations locales par rapport à l’Éducation nationale.
- Copyright Geko Films Tempesta
Il faut d’ores et déjà saluer l’effort de mise en scène de jeunes comédiens en situation de handicap intellectuel ou psychique. La caméra refuse toute forme de misérabilisme dans la manière d’aborder la différence. Au contraire, ils sont regardés comme des acteurs à part entière, sensibles, face aux deux comédiennes expérimentées que sont Jasmine Trinca et Leïla Bekhti. Les deux actrices, talentueuses, incarnent leur personnage avec le souci certain de la bienveillance à l’égard des enfants déficients qui les entourent. Elles semblent même être sincèrement émerveillées par la capacité d’évolution de ces petits êtres, marqués par le handicap. Elles illuminent l’écran dans des costumes resplendissants, signes de l’esbroufe de la classe bourgeoise au début au vingtième siècle.
On reconnaît chez Léa Todorov dans sa capacité à aborder des publics assez rétifs à l’image, la patte de la documentariste. Maintenant, la mise en scène n’est pas toujours égale, le récit fonctionne parfois par ellipses, là au contraire où le temps long de l’apprentissage pour ces enfants aurait nécessité moins de coupes dans la fiction. L’histoire s’emballe, au bénéfice de l’enjeu romanesque. On comprend que la cinéaste ne souhaitait pas s’engouffrer dans un biopic long et contraignant mais davantage de respirations auraient toutefois été utiles.
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La Nouvelle femme passionnera les adeptes des pédagogies alternatives et les féministes engagées. Nous serons, pour notre part, restés un peu en dehors de cette histoire où le souci de beau et des bons sentiments nuit à la gravité du propos.
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