A perdre la raison
Le 2 mars 2016
Un film noir et énigmatique, où la société espagnole est décryptée à travers le portrait tout en finesse de trois personnages que tout oppose.
- Réalisateur : Carlos Vermut
- Acteurs : Bárbara Lennie, José Sacristán, Luis Bermejo, Israel Elejalde
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Condor Entertainment
- Durée : 2h07mn
- Date télé : 28 décembre 2016 22:23
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Titre original : Magical girl
- Date de sortie : 12 août 2015
- Plus d'informations : La page Amazon
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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Carlos Vermut propose un film atypique, où l’audace de la narration n’a d’égal que la violence des relations entre chaque personnage, dans une société où les règles s’écroulent sous la passion dès que cède la raison.
L’argument : Bárbara est une belle femme vénéneuse et psychologiquement instable, que son mari tente de contenir. Damiàn n’ose pas sortir de prison de peur de la revoir. Luis veut la faire chanter mais ne réalise pas encore qu’il joue avec le feu. Le trio se retrouve plongé dans un tourbillon de tromperies où la lutte entre la raison et la passion tourne à la guerre des nerfs…
- {{© Avalon Distribución Audiovisual}}
Notre avis : Comme tout bon artiste inscrit dans son époque, le réalisateur Carlos Vermut s’est interrogé sur les mœurs de son pays natal. En partant de la corrida, il s’est intéressé à la société espagnole et soutient la théorie selon laquelle ses compatriotes lutteraient perpétuellement entre émotion et raison. C’est en partant de ce constat qu’il a entrepris son second long-métrage, La Niña de Fuego, dans lequel il mène une critique très subtile de l’Espagne, de sa politique et de sa crise financière. Il présente un film dans lequel tous les personnages sont en conflit avec eux-mêmes, luttant entre le passionnel et le rationnel, et en lutte également contre les autres à travers une série de chantages, thème largement utilisé dans les films noirs.
{{Le public système cinéma}}Les personnages sont ici tous instrumentalisés et sous influence. Chacun veut quelque chose et est prêt à tout pour l’obtenir. Dans ce film non linéaire et énigmatique, plusieurs actes mettent en vedette un personnage en particulier. Chaque partie montre comment trois personnages vont se rencontrer et changer l’existence des uns des autres, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Dans une narration pleine de coupures, où chaque ellipse montre comment chacun passe facilement de victime à coupable, le public pourra rapidement se sentir égaré. Les clés de compréhension sont rares et ne livrent pas toutes les explications. Certes, il est agréable de devoir réfléchir, de se questionner sur chaque situation, dans un film qui dissimule au lieu de montrer. Mais à force de perdre son spectateur dans des symboles et des situations parfois rocambolesques, on finit par ne plus comprendre le dessein du film ni même l’objectif du réalisateur. Ne reste plus alors qu’à se concentrer sur les rares éléments de ce film qui pourraient permettre de le comprendre, qui s’inspire du cinéma coréen où intrigues et personnages sont indissociables.
{{Le public système cinéma}}Héroïne secrète d’un film décidément bien mystérieux, Bárbara cherche à récupérer son mari, qui ne supporte plus son instabilité et ses mensonges. Elle va alors croiser Luis, dont la fille malade et fan de manga permet au film de basculer par moments dans un univers coloré, joyeux et innocent. Afin de pouvoir couvrir sa fille de cadeaux, il va faire du chantage à Bárbara, qui cherche alors de l’aide auprès de Damián, personnage tout aussi mystérieux que les deux autres.
Chacun de ces trois univers se croise et se heurte, témoignant des clivages sociaux au sein d’une société dans laquelle les individus, par égoïsme, ne cherchent pas à se comprendre. Ici, c’est au spectateur de combler les vides, d’organiser sa réflexion et sa critique avec le peu d’éléments qu’il connaît sur chaque protagoniste. Il ne manquera alors pas de s’attarder sur la passion dévorante qui existe dans chaque relation, comme si la maxime du film était que nous sommes tous des criminels en puissance, si cela permet de rendre la vie de la personne qu’on aime plus facile. Bárbara aime son mari ; Luis aime sa fille ; Damián aime Bárbara. La société et ses règles sont ici bien peu de choses. Au point que, au cœur de toutes les questions que le film entraîne, la principale serait de savoir ce que nous ferions à la place des personnages, surtout si nous avons les cartes en main pour les manipuler.
{{Le public système cinéma}}Film atypique dont la noirceur inquiète et interroge sur notre attitude au sein de la société, La Niña de Fuego semble se demander si l’enfer, ce n’est définitivement pas l’autre.
{{© Droits réservés}}
Point de sortie blu-ray en France, la qualité est toutefois au rendez-vous.
Les suppléments :
Un making-of de plus de 24mn qui donne l’idée et le ton d’un film audacieux. Un document abouti donnant la parole aux différents protagonistes.
L’image :
A priori, on est déçu par l’absence d’édition française HD. La Nina de Fuego sortait en Espagne, en février 2015 en blu-ray. L’éditeur Condor Entertainment a fait le choix, pour le marché français, de ne livrer qu’une copie SD, donc sur DVD. La faute a une réception salle assez timide, en plein été. Pourtant, on félicitera cette copie qui est de toute beauté, avec une élégance et un piqué raffiné.
Le son :
Le film n’a pas disposé d’une VF à sa sortie, donc on ne retrouvera qu’une V.O. sous-titrée en français, en stéréo et Dolby Digital. La copie est souvent discrète, car intimiste et portée sur les dialogues. Toutefois des qualités sonores se distillent durant la projection. Le DVD est décidément de qualité.
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